samedi 27 juillet 2013

1475.Ep4. Turning Point en Helvétie.


Représentation de la Bataille de Morat du 19 septembre 1475 par D.Schilling. le jeune.
Après la défaite de Grandson, Charles Le Téméraire ne renonça pas à donner une leçon aux Suisses. Il passa l’été à rassembler des troupes et de l’argent à Lausanne. Attirés par sa richesse et par son prestige à peine écorné, les mercenaires complétèrent les débris de l’armée bourguignonne qui atteignit lors de la revue du 15 aout, 12000 combattants. Cet ost se composait d’environ 2000 cavaliers lourds, de 5000 archers montés et de 4000 fantassins. L’objectif de Charles était de mettre définitivement à genou les Bernois. Canton le plus agressif de la confédération helvétique, Berne avait placé une garnison importante dans la cité de Morat et avait renforcé cette ville fortifiée des canons pris à Gandson. Aldrian Von Bubenberg commandait la cité et contrôlait la route de Lausanne à Berne. Habile capitaine, il savait que le Téméraire devait prendre Morat s’il voulait s’attaquer à Berne. Charles ne pouvait laisser derrière lui une forte garnison capable de couper ses communications avec la Franche-Comté. A Berne, Renée II de Lorraine et les Bernois faisaient pression sur les autres cantons pour obtenir des hommes et des fonds pour la guerre. Ces négociations trainèrent et ne se finalisèrent que lorsque Charles assiégea Morat le 4 septembre. En raison de leurs faiblesses financières, les Suisses ne pouvaient mobiliser leur armée que pendant un temps très court et devaient frapper vite et fort pour obtenir une décision rapide. L’ost Suisse se rassembla à Berne le 17 septembre tandis que les Bretons de Pierre du Pont-L’Abbé surveillaient les abords du camp bourguignon.

A Morat, Charles le Téméraire menait hardiment le siège de la cité. En raison du caractère lacustre de la ville, Adrian Von Bubenberg réussit à maintenir des liaisons constantes avec Berne et connaissait les préparatifs de l’armée suisse. Avec son artillerie, il obligea les Bourguignons à ne réaliser leurs travaux de siège que de nuit. Ceux-ci prirent donc un retard certain. Pour se protéger d’un retour offensif des Suisses, le téméraire établit une position fortifiée nommée la Haye Verte composé d’une palissade et d’un fossé. L’ost bourguignon devait l’utiliser pour se rassembler en toute sécurité puis contre-attaquer les carrés suisses qui s’aventureraient à tenter de relever la cité de Morat. Mais cette position ne servit à rien. Le 19 septembre, elle n’était que faiblement défendue par l’artillerie du duc, une compagnie d’ordonnance et une bande d’archers bourguignons. Les confédérés prirent les défenseurs par surprise. Les artilleurs du Téméraire réagirent vertement et bombardèrent les carrés helvétiques qui essuyèrent des pertes. L’avant-garde suisse marqua le pas et la compagnie d’ordonnance charge pour permettre aux canonniers de recharger. Mais René II de Lorraine intervint avec ses cavaliers lourds. Repoussés, les chevaliers bourguignons durent se replier derrière la palissade. Les Suisses reprirent leur avance soutenus par la cavalerie légère de Pierre du Pont-L’Abbé qui avait contourné au sud la position fortifiée. Les Hélvétiques franchirent la palissade délogeant piétons, artilleurs et cavaliers de leur position favorable. Alors, ils déferlèrent sur les camps bourguignons à l’ouest de la cité. Celui des mercenaires italiens fut submergé le premier. Puis, les Suisses foncèrent sur le quartier général et obligèrent le duc à se retirer. La retraite du duc et la sortie de la garnison de Morat sonna le glas de l’armée bourguignonne. La panique s’empara des piétons bourguignons retranchés à Meyriez, dernier objectif des Suisses sur la rive du lac de Morat. Lorsque les carrés écrasèrent la garde ducale et les archers anglais, la retraite devint déroute et les cavaliers légers de Bretagne se jetèrent sur les restes de la gendarmerie du duché qui se fit décimer pour protéger la fuite du Téméraire.Si l’ost bourguignon avait réussit à fuir le champ de bataille de Grandson, la situation à Morat fut tout autre. Les Bourguignons étaient encerclés entre les carrés suisses, la cité et le lac. Nombre d’entre eux tentèrent de traverser mais se noyèrent. Enfin, les Suisses ne firent aucun quartier et massacrèrent les restes de l’ost bourguignon. Aujourd’hui, les historiens estiment les pertes du Téméraire à 10000 hommes tandis que celles des Suisses et de leurs alliés ne s’élevèrent qu’à six cents hommes. Si cette victoire consacra la prédominance des piquiers et confirma la solidarité naissante entre les cantons où émergeait une identité commune, elle rejetait définitivement les Bourguignons hors du pays de Vaud, libérait l’accès à Lyon et au sel de Franche-Comté. Enfin, elle permettait aux Suisses d’obtenir une trêve avec la Savoie. A l’inverse, pour Charles, c’était une catastrophe. Argent, réputation et armée avaient cette fois disparus et seraient difficilement remplaçables. Si Grandson était apparu comme un accident dans de nombreuses cours d’Europe, Morat détruisit la puissance diplomatique de Charles déjà fragilisée par son arrogance et ses ambitions. Passant à Lausanne le 21 septembre, Charles le Téméraire fila vers ses domaines bourguignons sans se retourner. Le 22 septembre, la Haute-Alsace se révoltait de nouveau. Le 25 septembre, un contingent de Bernois et la Bande de Pierre de Pont-L’Abbé franchirent le Rhin à Bâle puis s’aventurèrent en Franche-Comté.

 

vendredi 5 juillet 2013

1475.Ep3. Grandson. De la Parade au désastre.

Chapeau ducal du Téméraire récupéré dans le butin et exposé au musée de Grandson. Photo de momox de Morteau.
Pour renforcer son autorité, Charles passa le printemps à parader dans les villes alsaciennes avec la moitié de son armée tandis que l’autre se rassemblait à Lausanne après son passage en Lorraine. Dans chaque ville qu'il traversa, le téméraire déploya ses richesses et sa puissance. Joyaux, perles, vêtements de brocard, vaisselles d'or côtoyaient bombardes gigantesques, couleuvrines imposantes, bandes de mercenaires bigarrés d'Italie et archers redoutés d'Angleterre. Ils étaient précédés des gendarmes d'ordonnance de Bourgogne, rutilants du froid métal de la guerre et juchés sur de redoutables destriers cuirassés de fer. Vêtu d'une armure à liseré d'or et d'un chapeau recouvert du plus noble des métaux, Charles le Téméraire menait ce défilé de bannières et d' étendards qui rappela aux Alsaciens qu'ils n'étaient qu'une puissance minuscule face à celui qui s' auto-proclamait Grand Duc d'Occident. Charles obtint calme et obéissance des villes du Rhin qui lui fournirent suffisamment de ravitaillement pour aller faire la guerre en Suisse. Il les frappa tout de même d'une amende de 50000 livres. Les acclamations avaient été moins nombreuses que les regards de peur et les volets clos.

L'ost de Bourgogne n’arriva à Grandson que le 12 mai et demanda la reddition de la garnison. Celle-ci résista mais fut prise d’assaut le lendemain. Charles fit pendre les survivants à cause de leur obstination imbécile. A Neuchâtel, les forces des cantons suisses étaient prêtes et décidèrent de le surprendre pendant ce qu'ils croyaient être un siège. Agissant comme éclaireurs, les troupes montées de Pierre du Pont L’Abbé arrivèrent sur le mont Aubert qui supplante le château de Grandson, le 13 au soir. Les cavaliers bretons étaient séparés en deux groupes, une de lanciers légers et une d’arbalétriers montés. Pierre du Pont-L'abbé fit prévenir les forces des cantons que le camp bourguignon n’avait posté que des sentinelles pour surveiller l'accès nord, le long du lac de Neuchâtel. Les discussions entre les chefs suisses prirent toute la soirée mais les Bernois réussirent à convaincre les autres cantons de s’attaquer aux Bourguignons. Le 14 mai, les piquiers suisses s’avancèrent vers la ville. Mais la situation avait changé. Charles de Bourgogne avait posté son armée pour défendre l’accès nord-est à Grandson. Près de la rive, son artillerie couvrait la route du lac tandis que ses piétons et sa cavalerie étaient en embuscade formant un fer à cheval de la rive aux forêts des pentes abruptes du mont Aubert. En avant d’une ligne garnie de pieux défendant les hommes à pied, Charles avait posté sa cavalerie tout en laissant des intervalles par lesquels artillerie et archers pouvaient arroser les assaillants. En début de matinée, Pierre de Pont-l’Abbé vit tout cela et prévint les Suisses des nouvelles dispositions de l’ost bourguignon. Les Bernois qui formaient l’avant-garde décidèrent de pousser l’assaut car ils avaient peur de voir les autres cantons refuser de poursuivre les combats. Confiants dans leur formation en carré et dans leur agressivité, les Suisses chargèrent sous une pluie de missiles. Le carré se révélait une formidable cible pour l’artillerie et les archers bourguignons. L’assaut tourna court mais l’alternance de charges et de tirs n’entama pas la résolution des Bernois qui restèrent sur le champ de bataille. Lorsque le corps principal des Suisses arriva, les Helvétiques et les Bourguignons réitérèrent les mêmes tactiques qui aboutirent au même résultat. Se regroupant, les Helvétiques formèrent peu à peu un énorme carré résistant aux charges et aux tirs de l’ost bourguignon. Mais l’assaut était arrêté et les pertes s'élevaient rapidement quand, d'un coup, le flanc gauche de l’armée bourguignonne s’écroula. Les archers et les hommes d’armes à pied s'enfuirent. Derrière les pieux plantés par les Bourguignons apparut l’étendard à la croix noire et les lanciers de Pierre du Pont-L'abbé. Un groupe de 500 arbalétriers demonta et arrosa de carreaux les chevaliers de Charles alors qu’ils se portaient à la rescousse de leur infanterie. Pieux et missiles firent le nécessaire et les cavaliers bourguignons durent se replier derrière le centre de la ligne du Temeraire. Ce répit permit aux Helvètes de reprendre l’initiative, d’enfoncer le flanc droit et de capturer l'artillerie de Charles alors que le centre résistait furieusement grâce aux Compagnies d'ordonnance du Duc. Celui-ci rassembla alors les restes de sa cavalerie et tenta une dernière charge sur le carré des cantons. Harcelés par les arbalétriers bretons sur leur flanc et repoussés par les piquiers, les gendarmes ne purent percer et refluerent en désordre sur le centre affaibli. A ce moment-là, sonnant de tous ses cors de guerre, l’arrière-garde suisse déboucha sur la plaine. S'il renforça le courage helvète, ce hurlement sauvage remplit d'effroi les Bourguignons qui craquèrent enfin et s’enfuirent vers l'ouest. Partageant ses troupes en deux, Pierre de Pont-L’Abbé engagea ses lanciers qui firent un massacre des piétons de bourgogne tandis que ses arbalétriers montés devançant les Suisses s’emparèrent du campement de Charles. Pierre et ses 600 hommes s'approprierent les bagages du Duc laissant le reste à l’ost suisse épuisée.
 



La fuite du Téméraire par Eugène Burmand.



Le butin fut colossal. Les pertes l’étaient aussi. 4000 Suisses sur environ 20000 étaient étendus sur le champ de bataille tandis que 3000 Bourguignons ne se présentèrent pas au rassemblement de l’ost à Lausanne. Charles avait perdu l’ensemble de son artillerie mais aussi les symboles de sa richesse et de sa puissance. Joyaux, vêtements de parade, tapisseries, vaisselles de prix et trésor de guerre restèrent entre les mains des Helvétiques et des Bretons. A Lausanne, enragé et humilié, Charles Le Téméraire rassembla ses troupes désorganisées, appela celles stationnant en Alsace et prépara furieusement une seconde offensive. Il n'allait pas se laisser faire.

 

jeudi 4 juillet 2013

1475. Ep2. Diplomatie méditerranéenne.

Armoirie de l'Emirat de Grenade.

Lorsque Quelennec le Jeune fit escale à Lisbonne en juillet, il commençait à être pleinement satisfait de son escadron qui se comportait enfin en marin. Il déposa les diplomates à destination de la cour du Portugal. Un agent de Rohan prit contact avec lui et l’informa de la situation dans la péninsule ibérique. La Castille était en guerre contre le Portugal. Alphonse du Portugal n’acceptait pas qu’Isabelle de Castille devienne l’héritière du royaume de Tolède car elle était fiancée à Ferdinand, l'héritier d’Aragon. Le roi n’étant pas présent, le jeune vice-amiral décida de laisser les diplomates bretons puis de mettre les voiles pour Valence où il débarquerait les ambassades pour l’Aragon et pour Rome. Il passa le détroit de Gibraltar et profitant des vents océaniques, il remonta le long de la côte andalouse. A la hauteur d’Almeira, il reçut une visite inattendue. Un chébec se présenta devant la flotte bretonne et demanda une négociation avec les représentants du duché de Bretagne. Pendant deux jours, les représentants du Duc discutèrent avec ceux de l’Emir. Les Andalous offraient un accès complet à leurs marchés mais demandaient aux Bretons de leur vendre armes, poudre et canons. Quelennec le jeune répondit qu’aucun des représentants du duc ne pouvaient prendre une telle décision mais qu’il était d’accord pour emmener un petit groupe de Grenadins à Nantes. L’Emir devait bien prendre en compte qu’il n’aurait sa réponse qu’au printemps prochain. Le 15 aout, l’escadron de Port-François entrait à Valence. Quelennec le Jeune déposa les ambassadeurs de Bretagne puis fila vers l’Atlantique avec à son bord trois représentants musulmans.
Les diplomates en Castille et au Portugal ne réussirent qu’à renouveler les accords commerciaux des années précédentes. Ils désappointèrent Alphonse du Portugal quand ils lui annoncèrent qu’aucune des bandes n’étaient libres. Pourtant, il passa commande d'un certain nombre d'articles militaires que son pays ne pouvait produire en quantités suffisantes : poudre et éléments d'armures. Les deux délégations rentrèrent dés l’automne en Bretagne. A Rome, au contraire, les négociations furent longues mais fructueuses. En effet, les ambassadeurs bretons apportaient un message du légat du Pape en France. Celui-ci recommandait à sa sainteté Sixte IV de reconnaitre le pouvoir de Henry Tudor en Irlande et d’élever l’évêché de Vannes au statut d’archevêché. Ce nouvel archevêché aurait juridiction sur l’ensemble des terres du duché de Bretagne. Sixte IV décida de ne plus faire la sourde oreille et il présenta le projet à l‘administration vaticane. Cet archevêché permettrait de désolidariser les évêchés bretons de la France et donc des éléments les plus gallicans de l’église française. En ce qui concerne l’Irlande, le pape ne souffla mot.
Le Duc mit tout de suite son veto. Il n’allait pas recevoir les Grenadins. François II confia à son beau-frère Jean les demandes du Roi du Portugal en poudre et en armes. Et, devant lui, il souligna que le duché ne pouvait s’opposer à ce que des marchands indépendants entreprennent de vendre des armes aux musulmans. Jean comprit parfaitement le message. Rachetant des vieux stocks de l'ost breton, Rohan rassembla les marchandises rapidement. Profitant d'un beau mois de décembre, cinq navires de Rohan partirent vers le sud, officiellement à destination de Lisbonne. Ils avaient pour instruction de troquer armes et poudre contre sucre ou épices. Or Grenade était le terminus des routes musulmanes du commerce de ces denrées.
 
Carte de l'Emirat de Grenade en 1475

vendredi 28 juin 2013

1475. Ep2. Temps de paix en Bretagne.


François II vit la paix arrivée avec soulagement car l’énorme effort maritime qu’il avait entrepris commençait à peser sur ses finances et sur la population. L’armement de 50 navires avait prélevé une si forte partie de la population de pécheurs que la pêche, les sécheries et le commerce maritime avaient connu leur première baisse d’activité depuis les réformes de Pierre Landais. André de Lohéac restructura la marine bretonne par soucis d’économie et parce que Louis XI ne continuerait pas à financer une flotte aussi importante en temps de paix. Il diminua le nombre de navires en escadre à 20. 16 carvels et 4 caravelles se répartirent en deux escadrons, le premier à Morlaix et le second à Port-François qui resta le premier centre de ravitaillement et de construction des navires du duc. Le trésorier des Guerres vendit les plus endommagés et les plus anciens aux enchères à Nantes et Morlaix. Les agents de Jean de Rohan en acquirent cinq qui complétèrent la flotte embryonnaire du prince-marchand de Bretagne. Les acheteurs malouins cherchaient eux des navires armés car ils avaient obtenus du Sire de la Mer, le droit de s’armer en corsaire pour des nations étrangères. C’est ainsi que Jacques Danycan repartit en Irlande avec une dizaine de bâtiments malouins. La Notre Dame du Lac connut un sort plus funeste. Décortiquée par les charpentiers de Port-François, elle ne fut remontée qu’en 1477 et finalement, vendue. Yann de Ranrouët conserva le commandement de la Grande Escadre dite aussi escadre du ponant tandis que Quelennec le Jeune garda celui de l’escadron de Port-François. La Grande Escadre perdit nombre de navires anciens et ne se composa plus que de 12 carvels et de 3 caravelles à partir de 1475. André de Lohéac décida de maintenir les 8 caravelles garde-côtes pour lutter contre la contrebande en Manche.
Le retour des marins permit de réarmer de nombreux navires marchands et bâtiments de pêches dés l’été et les échanges avec les Flandres et la péninsule ibérique reprirent rapidement. Les navires bretons étendirent leurs rayons d’action jusqu’à Hambourg et jusqu’à la méditerranée. Si la Hanse dominait la Baltique, si les Anglais conservèrent l’avantage dans leurs relations avec les Flandres, les Bretons supplantèrent les autres nations dans le domaine du transport atlantique de marchandises. Seul, le Portugal maintient un commerce florissant autour du sucre de ses iles atlantiques. L’Irlande, encore en guerre avec les Anglais, entra directement dans le commerce breton. Rohan y écoula des armes et des canons tandis que les négociants de Morlaix y vendirent en priorité du vin, du sucre et du blé en surplus en Basse- Bretagne. Ils ramenèrent de la laine, des plants de lin et des peaux. Les plants de lin connurent un grand succès en Bretagne en raison de leurs faibles couts par rapport à ceux de la baltique. Pendant un temps, la laine approvisionna les ateliers de draps autour de Rennes et Vitré mais elle était trop concurrencée par la production de l’élevage breton qui se développait sur les terres incultes. Ainsi, la laine et les peaux d'Irlande disparurent rapidement du marché breton. Enfin, les malouins y trouvèrent un terrain de chasse idéale sous les ordres de Jasper Tudor avec la bénédiction du duc et du roi de France.


La Forteresse d'Ancenis, complétée en 1484, fut creusée dans la rive de la Loire et les parties vulnérables aux boulets construites en briques qui absorbaient mieux le choc des boulets de métal.
La diminution des dépenses militaires permit au duc de s’atteler à de nouveaux projets. En mai, il décida en son conseil de guerre de rénover les défenses de châteaux de sa marche avec la France. Il s’agissait de changer le dessin des forteresses pour adapter tours et murs à l’usage de l’artillerie. François II prit alors deux décisions qui changèrent la Haute - Bretagne. Il imposa une nouvelle architecture des forts avec des tours plus basses, semi-enterrées, aux murs doublés en épaisseur et capables de supporter deux à quatre pièces d’artillerie tirant en enfilade. Deuxièmement, il décida de rénover les routes de Bretagne pour faciliter le transport des pierres nécessaires aux nouvelles constructions et l’approvisionnement des forteresses. Ancenis et Fougères seraient les deux premières cités à profiter de ces innovations. Il exonéra les transports de pierres de tous péages et de toutes taxes vers ces deux destinations à condition qu’elles proviennent de carrières bretonnes.





Les nouveaux murs de Fougères complétées en 1487. le talus à gauche fut obtenu par le creusement des fondations et des douves.
Allié de la France contre le Téméraire, François II ne se préoccupait pas de la réaction de Louis XI concernant ces deux forteresses. S’il avait obtenu le contrôle des iles anglo-normandes jusqu’à la paix, les agents du duc l’avaient informé de l’opposition des parlementaires parisiens à l’enregistrement du traité d’Angers. Or, depuis février, Louis XI n’avait pas obligé son parlement à officialiser ce traité. Connaissant le pouvoir du roi de France et sa volonté implacable de le faire appliquer, François II comprit rapidement qu’il s’était fait berner par le résident de Plessis-lès-Tours. C’est ainsi qu’il exigea une petite hausse des tarifs de recrutement de ses mercenaires en août lorsque les trésoriers du roi vinrent recruter les Bandes du Léon et de Cornouailles. Cette petite vengeance ne mena à rien. Le jour de la St Michel, au dernier jour des Grands Jours de Rennes, François II annonça la transformation de cette cour de justice en Parlement.

Jean II de Rohan fut bien aise à l'automne quand sa femme lui apprit qu'elle était enceinte. Yann de Ranrouët, seigneur de Noirmoutier, vice-amiral de Bretagne le fut aussi quand il épousa la fille de Guillaume Chauvin, Isabelle, de 10 ans sa cadette. Ses témoins furent André de Lohéac et son ami Rohan. Enfin, Pierre Landais apprit que son fils se mettrait sur le chemin du retour à la nouvelle année. Son grand projet allait prendre forme.

jeudi 27 juin 2013

1475. Ep1. Le bâton ou la carotte.


Jacques III d'Ecosse, le pion surprise de Louis XI qui recevra à partir de 1474, une pension de 20000 écus de la France.
En Angleterre, Edouard IV reconstruisait lentement ses capacités navales. Les échanges avaient repris avec les bourguignons et la flotte bretonne semblait avoir disparu. Le roi avait réussi à rassembler une nouvelle escadre de vingt navires dans la Tamise et comptait l’envoyer à Douvres dés l’arrivée des beaux jours. Sa mission serait de protéger ses communications avec le continent. S’il avait réquisitionné quelques bateaux marchands, il avait aussi recruté en Flandres avec l’accord du Téméraire. Dix navires bourguignons devaient arriver à Calais au printemps. Charles lui promit aussi de revenir en Picardie dés qu’il aurait châtié les Suisses qui fomentaient troubles et désordres dans ses territoires et sur ceux de ses alliés. Jusqu’en février, Edouard IV essaya de séparer France et Bretagne. Il offrit à l’émissaire breton, Jean de Rohan, trêve, traité commercial avantageux et alliance matrimoniale. François demanda un temps de réflexion car il avait des engagements vis à vis de Louis XI et des Tudors, ennemis déclarés de l’Angleterre. L’attitude du duc ne surprit pas le comte de Rohan. Ménager la chèvre et le chou était devenu une tradition à la cour de Bretagne. Jean de Rohan savait pertinemment que son beau-frère ne changerait jamais de camp aussi facilement. Mais, comme tout chef d’état courtisé qui se respecte, François II fit monter les enchères jusqu’en février. Sa réponse arriva à Douvres, le 12 mars.
A Nantes, les propositions du roi d’Angleterre avaient fait sourire. Les subsides que Louis XI fournissait régulièrement au duché, étaient devenus une véritable manne pour nombre de bretons et pour le duc. Pierre du Pont - L’Abbé et ses bandes de Cornouailles et de Léon revinrent de Suisse pour les Vins du Duc. Le Baron de Rostrenen devint le bras droit du Maréchal de Bretagne, obtint un siège dans la Confrérie des Bandes et repartit avec le nouveau contingent de Bretons pour la France. Apprenant cette volonté de servir, le Roi de France fournit chevaux, armes et ravitaillement aux bandes de Retz et Nantes et l’envoya aider les Suisses. Pour la première fois, Louis XI conserva les compagnies de Vannes et Rennes pour servir à côté de ses Ecossais. Apprenant les discussions de l’Angleterre avec la Bretagne, Le monarque de France se déplaça jusqu’à Angers et rencontra François II. Il lui proposa la seule et unique chose qu’il désirait vraiment. Ce n’était ni la main d’Anne de France, ni un traité de commerce, ni des terres, ni un pénultième coffre plein d’or. Le 10 février, Louis XI offrit l’autonomie judiciaire. François sauta sur l’occasion et signa immédiatement le traité proposé dans lequel il était stipulé qu’aucune affaire de Bretagne ne serait jugée, ni examinée par le Parlement de Paris. Louis accepta aussi d’appuyer les bretons pour qu’ils obtiennent les iles anglo-normandes dans les négociations avec l’Angleterre. François II sortit réjouit de l’entrevue. Il ordonna la sortie de sa flotte et demanda à ses corsaires des actions plus vigoureuses.
A Londres, Jean de Rohan apprit la nouvelle avec stupeur et se présenta à Edouard IV le 4 mars pour l’anniversaire de son couronnement. Il lui déclara que le duc voulait la paix mais que liés à la France, les bretons restaient en guerre avec l’Angleterre jusqu’à la conclusion d’une trêve entre Edouard et Louis. Le 5 mars, la ville de Londres apprit qu’un émissaire d’Ecosse était arrivé dans la capitale. Il demanda et obtint audience au palais pour présenter ses lettres de créance. Le 10 mars, après les formalités d’usage, il annonça que le royaume d’Ecosse avait passé une alliance défensive avec la France. Edouard ne répondit rien. Louis XI avait réussi un coup diplomatique. L’Angleterre était seule et entourée d’ennemis. La nouvelle se répandit vite dans les villes et les campagnes. Le 12 mars, Yann de Ranrouët se présenta devant le port de Douvres. Il fit tirer à blanc ses navires, les uns après les autres. La cité fut prise de panique et une partie des habitants s’enfuit propageant la nouvelle d’un débarquement. Même si l’information fut vite démentie, Edouard IV comprit qu’il n’allait pas gagner cette guerre. Il demanda une trêve. Le traité de Douvres du 15 avril laissait à la Bretagne le contrôle des iles anglo-normandes dont le statut devait être fixé à la paix. La France obtenait la fin de l’alliance anglo – bourguignonne et une trêve de 6 ans. L’Irlande ne fut pas mentionnée dans le traité.
 

Château de Douvres

 

mercredi 26 juin 2013

1474. Ep6. Vers une 3ème manche ?

Lorsque les Malouins avaient envahis l’ile de Wight, les Londoniens avaient réagi avec énergie et détermination. Nombre d’entre eux s’étaient engagés dans les équipages de la flotte. Edouard IV, roi d’Angleterre et Seigneur d’Irlande, avait chevauché immédiatement jusqu’à Portsmouth mobilisant au passage toutes les bonnes volontés qu’il rencontrait. Si le raid avait fait craindre une invasion, la défaite à Calais du 23 juillet rendit la menace parfaitement crédible pour nombre d’habitants du sud de l’Angleterre. Un sentiment d’effroi se répandit dans les campagnes et dans la ville de Londres. Les Français arrivaient. Le Roi prit des mesures d’urgence. Il ordonna de réquisitionner les meilleurs navires marchands présents dans la Tamise et de maintenir les milices en armes jusqu’à l’arrivée des vents violents d'automne. Le Parlement accepta de financer ce nouvel effort. Dans le Kent, le Sussex, et le Hampshire, la population resta en armes toute la saison, s’entraînant et surveillant constamment le littoral. Si elle aperçut de temps en temps un navire battant croix noire ou fleur de lys, elle ne vit jamais une flotte arrivée sur les côtes et débarquée une horde de Français ivres de vengeance. Fin septembre, une violente tempête annonça la fin de l'été et des grandes opérations maritimes. Edouard démobilisa ses troupes et espéra passer l’hiver tranquillement à remettre en ordre flotte et défense. Mais les grognements se développaient en Angleterre et la populace manifestaient publiquement son dédain pour le roi. En raison des fortes pertes navales, des réquisitions et des troubles dans le commerce, Londres, Douvres et Calais connurent quelques incidents publics. A l’hiver, même s’il avait ramené un semblant de calme, Edouard avait mauvaise réputation et l’arrivée d’émissaires français et breton n’avait rien arrangé.

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Représentation de la Tour de Londres au XVè siècle. 
 
La flotte bretonne revint dans ses ports rapidement après la bataille de Calais. André de Lohéac succéda à son compère Jean Quelennec dit le Vieux et on lui donna immédiatement le surnom de son prédécesseur. Se considérant comme trop âgé, André ne souhaitait plus prendre la mer. Mais, il fut nommé Seigneur de la Mer en charge du maintien et de la direction générale de la flotte bretonne. Ce titre supplantait celui des Amiraux de Bretagne. Le Seigneur de la Mer siégeait à Port-François et menait les services et la stratégie de la marine bretonne. Il était aussi le président du conseil de guerre de Bretagne en l’absence du Duc. Quelennec le Vieux, malade, se retira et mourut aux premiers frimas. Pour lui rendre hommage, André de Lohéac nomma un des nouveaux navires de son prénom : Le Vieux Jean, caraque de guerre de trente canons servie dans la marine bretonne jusqu’en 1540. Le duc promut Quelennec le Jeune au rang de vice-amiral, sans lui accorder les droits de l’amirauté qui revinrent au Seigneur de la Mer. Yann de Ranrouët prit en charge la Grande Escadre de Morlaix qu’André de Lohéac porta à 40 navires. A Port-François, Quelennec le Jeune commandait 10 bâtiments de la dernière génération. Il était chargé de leurs entraînements et de leurs améliorations. André de Lohéac voulait ainsi sanctuariser le Golfe de Gascogne et la Mer d’Iroise tandis que la Grande Escadre devait bloquer toute pénétration anglaise dans les eaux de Bretagne. Il entama aussi une étude des différents ports de la Bretagne Nord car depuis deux ans, le port et le chantier de Morlaix étaient constamment surchargés. Il fallait trouver un site approprié pour y développer un Port Ducal. Enfin, cannibalisant les prises anglaises et grâce aux fournitures navals en provenance de la Hanse, le Vieux réussit à porter la flotte bretonne à 60 navires. Elle comprenait dix caravelles garde-côtes, 8 caravelles d’escadre et 42 carvels, nom que le vieux attribua aux nouvelles caraques de guerre. La flotte bretonne passa la fin de l’été à patrouiller la Manche mais surtout à réparer les navires endommagés et à se réorganiser. Après l’équinoxe d’Automne, Quelennec le Jeune emmena son escadron vers le sud. Il embarquait les ambassadeurs du Duc auprès des puissances ibériques et de la papauté.

A la fin aout, Louis XI décida d’envoyer des ambassadeurs en Angleterre pour demander une trêve. Depuis la bataille de Calais, il pensait qu’Edouard IV n’avait plus les capacités de mener des actions sur le continent pour au moins deux années. Les Irlandais et les Bretons faisaient le travail pour lui. Ils avaient battus une flotte anglaise et auraient le champ libre l’année prochaine dans la Manche et la mer d'Irlande. A la toussaint, il envoya au duc les financements pour la flotte de Bretagne ainsi que pour le recrutement des Bandes de Retz, Rennes, Vannes et Nantes. En Angleterre, Philippe de Commynes et Jean de Rohan, émissaires de Louis XI et de François II, rencontrèrent de nombreuses résistances. Pourtant, Louis XI ne demandait qu’une trêve de plusieurs années et le Duc de Bretagne le contrôle des iles anglo-normandes. Mais, les Anglais ne désiraient pas la paix. La situation financière et militaire du royaume d’Angleterre était difficile. Cependant, le peuple, les marchands et la noblesse ne pensaient qu’à obtenir réparations de la France et de la Bretagne pour les pertes humaines, territoriales et navales des années précédentes. En décembre, lors d’une audience royale, Edouard IV demanda non seulement le retour des iles anglo-normandes mais aussi, celui de l’Irlande sous l’autorité de son seigneur légitime. En coulisse, il déclara que cette déclaration avait juste pour but de calmer la rue et qu’il était prêt à continuer les pourparlers. Philippe de Commynes et Jean de Rohan étaient sceptiques car ils connaissaient les préparatifs navals et militaires qui se déroulaient dans la Tamise et à Douvres. Apprenant cette situation, le roi de France décida d'employer toutes les armes diplomatiques dont il disposait. Le 18 décembre, trois courriers partirent le long de la Seine, vers la Manche.
Le Palais Royal du Louvre au XVè siècle, représentation tirée des Richesses Heures du Duc de Berry.

 

 

mardi 25 juin 2013

1474. Ep5. Real Politik


A Neuss, Charles le Téméraire échoua tout l’hiver à obtenir la reddition de la ville. La cité protégée par ses vastes douves et sur une île du Rhin, ne pouvait être approchée que par des ponts enjambant deux îlots. Malgré d’importants travaux de siège, Charles piétinait devant les défenses de la cité. Celle-ci était ravitaillée par la rivière grâce à une noria de barges qui arrivait de Cologne. Si les Bourguignons réussirent à conquérir les iles et à y installer des batteries, les inondations de l’hiver les en chassèrent. Au printemps, ils avaient tout à refaire alors que la crue de Rhin diminuait. Le Téméraire tenait sa cour sous la tente et y menait grand train. Il recevait ambassadeurs et courtisans qui venaient de toute l’Europe pour obtenir ses faveurs. Mais il restait sur le qui-vive car l’empereur Fréderic III approchait. L’ost impérial n’avait rien de comparable avec celle du Bourguignon. Malgré les subsides de Louis XI, elle ne se composait que du ban féodal, de milices urbaines et de la cour de l’empereur. Même si nombre de Princes de l’Empire accompagnaient Frédéric et rêvaient de rabaisser le toupet du duc de Bourgogne, l’Empereur savait que sa puissance n’était pas militaire, mais diplomatique. Il n’avait pas les moyens de faire la guerre, ni de risquer une défaite qui compromettrait son fragile pouvoir. Mais il savait que Charles cherchait à obtenir plus de légitimité et était prêt à accepter beaucoup, juste pour être reconnu. Bloqué depuis 10 mois devant Neuss, le duc de Bourgogne voulait en finir d’autant plus qu’il commençait à avoir du mal à payer ses mercenaires et il s’inquiétait de la situation dans ses domaines. Les deux monarques étaient dans une impasse.

Frédéric III, Empereur du St Empire Germanique.
L’Empereur s’avança vers Neuss et après quelques escarmouches de pure forme, il installa son camp à une journée de celui du Téméraire. Les négociations aboutirent à un compromis qui ne satisfit aucun des partis mais permit aux deux protagonistes de sortir du cul-de--sac dans lequel ils se trouvaient. Frédéric III refusa de soutenir Charles dans ses ambitions impériales. Mais, il accepta que leurs enfants se fiancent. Marie de Bourgogne devint la promise de Maximilien de Habsbourg. Frédéric n’en refusa pas moins de lui laisser le contrôle de l’archevêché de Cologne. Charles et l’Empereur se quittèrent tous les deux mécontents. Frédéric se sentait humilié par la richesse et l’audace de son vassal tandis que Charles revint frustré et désabusé car il avait compris que Frédéric ne lui accorderait jamais rien. Il avait perdu du temps et ses ennemis s’en donnaient à cœur joie.
Au sud, les terres bourguignonnes connaissaient des temps difficiles. La Franche-Comté avait connu une année infernale en raison des raids de Pierre du Pont-L’Abbé. Les villes d'Alsace avait pris leur indépendance et se liait de plus en plus avec les Suisses malgré la pression de Sigismond d’Autriche. En lorraine, Renée II avait tourné casaque. S’alliant avec Louis XI, il expulsa les troupes bourguignonnes de son duché. Libéré de la menace anglaise, le roi de France avait lancé une offensive dans le Luxembourg et en Picardie pour déloger les garnisons du duc. Enfin, les Suisses entamèrent la conquête du pays de Vaud pour dégager les accès aux foires de Genève et de Lyon. Ils mettaient ainsi en difficulté le plus fidèle allié de Charles, la Savoie. La situation stratégique des Etats Bourguignons était catastrophique.
Quittant enfin Neuss, le 27 juin, le duc revint en ses états et dirigea son armée sur Namur. il lui fallait absolument mettre à bas la Lorraine qui coupait en deux ses territoires et pour cela, mettre fin à l’attaque de Louis XI. Il envoya donc des diplomates. Louis XI accepta car dans le midi, les nobles et les habitants du Roussillon n’acceptaient toujours pas sa politique et poussés par les agents de Jean d’Aragon, étaient de nouveau, en pleine révolte. Louis XI laissa donc la Lorraine, Les Suisses et les Alsaciens se battre seuls avec l’appui de quelques mercenaires bretons qu’il fournissait. Cette petite trahison lui permettait de concentrer l'ensemble de ses forces dans le sud. De même, Charles délaissa ses alliés aragonais et anglais pour faire face à la plus grande menace, la défection de la Lorraine. Le 13 septembre, Charles et Louis signèrent une nouvelle trêve à Soleuvre de 9 ans.


Mercenaires Suisses franchissant les Alpes.
A partir de Namur, les bourguignons menèrent une campagne d’automne exceptionnelle. Ils s’emparèrent de l’ensemble de la Lorraine en quelques mois et y placèrent des garnisons. Le 30 novembre, le Téméraire entra en grand apparat à Nancy et épargna la ville car il venait d’y convoquer les Etats de Lorraine. Lors de cette réunion, le duc obtint un serment de fidélité des représentants lorrains et leur promit de faire de Nancy sa capitale. Mais, pendant ce temps, les Suisses avaient attaqué le Pays de Vaud, ravagé les campagnes, détruit nombre de châteaux de ce pays et installé des garnisons dans Grandson et Morat. Leur brutalité indigna le duc de Bourgogne. Les Suisses avaient ainsi libéré les accès à Genève et Lyon que la Savoie interdisait aux marchands étrangers. Mais, ils avaient  aussi coupé l'accès du Téméraire à l'Italie et à ses mercenaires. En Franche- Comté, Pierre du Pont-L’Abbé tenta de ralentir les forces bourguignonnes qui se concentraient près de Besançon. S’il réussit à bloquer de nombreux raids, les Alsaciens savaient qu’il ne pourrait rien contre l’ost bourguignon et décidèrent de négocier avant de subir la fureur du duc de Bourgogne. Une trêve fut donc conclue sans les Suisses.