mardi 14 mai 2013

1466. Ep1. LE SAC DE DINANT, une aventure de Yann La Roche

24 août 1466
Yann, originaire de la Roche – Bernard, était sûr que les seules choses qu’il avait gardées depuis son enrôlement étaient son surnom et sa croix noire. Dizainier depuis Montlhéry, il donnait des ordres à d’autres nobles, des jeunes écuyers ruinés de Rennes, des nobles de Cornouaille plus métayers que chevaliers et un ou deux fils de barons en mal d’aventure et d’expérience. Cette bande remplissait son rôle de mercenaire auprès du duc de bourgogne depuis sept mois. En compagnie des 400 hommes du sieur de Kerouzéré, Yann montait la garde aux bombardes dans le faubourg nord de Dinant. Celles-ci battaient la muraille de la cité. Les coups se succédaient à intervalles irrégulières tandis que les hommes cherchaient à tromper leur ennui en somnolant. Yann observa son chef debout les poings sur les hanches. Si Yann était entré parmi les premiers dans Montlhéry, le sieur de Kérouzéré avait organisé la mise à sac systématique des maisons donnant sur la place du marché. Les hommes disaient qu’il s’y était remboursé de son investissement. Il aurait fait sonder murs et jardinets et même aurait chauffer quelques pieds suspects de cachotteries. Plus Yann l’observait, plus il lui trouvait une attitude de rapace prête à tout pour s’enrichir. Il prit un quignon des mains de son compère Yvon et s’accorda une goulée de vin. L’après-midi était belle et les hommes s’employaient à tuer non les hommes mais les heures. S’il ne réagit pas au bruit habituel du canon, Yann fut surpris par le fracas de l’écroulement de la muraille. Après 5 jours de bombardement, La brèche était faite. Il regarda son chef qui déjà criait des ordres. Immédiatement, la compagnie réagit. Yann attrapa sa hallebarde et enfila sa salade. Il rassembla sa dizaine et s’élança vers les restes du mur. Si la première vague n’était composée que des 400 présents, Yann la savait suivie par toute la bande, 1200 hommes prêts à se battre pour un sol. L’attente était finie. Ils fonçaient, tous, armes au poing. Certains hurlaient déjà, d’autres couraient genoux fléchis. Les visages et les voix déformés par l’effort, la faim d’or au ventre, la compagnie Kérouzéré fila dans un chaos de cris et d’entrechoquements métalliques. Autour de lui, Yann sentait la rage du combat montée. Elle l’emportait, lui promettait or, pouvoir, femmes et merveilles pour mieux l’abrutir de sang. Il escalada les premiers blocs sans faillir, s’étala contre la pente juste au dessous de la crête. Il leva la tête, surprit un mouvement devant lui et projeta sa hallebarde en avant. La pointe s’enfonça sous un écu et rencontra la chair. Il la tint, se mit à genoux et poussa. L’homme sans croix éructa, vacilla puis bascula en avant s’empalant plus encore. Yann contra le mouvement et dans un hurlement, souleva le cadavre devant lui. Il franchit la crête derrière ce pavois improvisé et dégringola de l’autre côté des murailles entraînant deux autres défenseurs. Malheureusement pour Dinant, il ne fut pas le seul. Yann était juste le premier de toute une armée.
Note :
Source sur le siège : site officiel de la ville de Dinant. http://www.dinant.be/patrimoine/histoire-dinantaise/sac-de-1466


Ville de Dinant avant le sac. tableau d'après Merian

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