mardi 4 juin 2013

1470. Ep3. Printemps-Eté. La mode est au fer.

L’année 1470 resta dans les annales comme celle où la guerre civile anglaise s’invita dans le conflit franco-bourguignon. La révolte de Warwick et de Georges de Clarence bien qu’elle eut quelques succès durant l’année précédente, n'aboutit pas et obligea le vieux comte à se réfugier en France. Ainsi, le Comte de Warwick arriva à Rouen en mars. Le roi se rendit sur place et décida d’utiliser ses forces dans son conflit avec le bourguignon. Si elles n’étaient pas importantes en hommes, Warwick amenait 30 navires capables de tenir à l’écart les flottes anglaises et bourguignonnes. Cette arrivée coïncida avec celle des dix navires de Jean de Quelennec. Le roi concentra cette escadre à Barfleur et ordonna à l’amiral de Bretagne de dégager la baie de Somme de toute présence maritime. Il lui confia dix navires normands et le chargea d’occuper suffisamment l’anglais pour qu’il n’intervienne pas sur le continent.

Les combats navals du moyen-âge tardif se résument souvent à une décharge de canons et un abordage.


Dans le bassin de la Somme, le roi contrôlait toutes les forteresses sur le fleuve sauf Abbeville et Ham. Il ordonna au Comte de Chabannes de reconstruire les murs de Picquigny et de doter la cité de canons. La présence de l’armée royale jusqu’en juin fournit la main d’œuvre nécessaire. Elle surveillait l’ost bourguignon qui pansait ses plaies sur la rive nord et voyait un incessant ballet de diplomates traverser la Somme. Charles le Téméraire demandait le retour de ses forteresses avant toute trêve ou négociation de paix. Louis XI refusait mais faisait durer les échanges car il espérait la venue de ses forces du sud. Ayant corrompu le comte de Bresse, il tenait les Savoyards qui ne s’aventurèrent pas à attaquer le Dauphiné. Pourtant, ses troupes ne vinrent jamais en Picardie car elles attaquèrent les terres du comté de Bourgogne. A la mi-aout, le roi reçut un renfort de choix. Le duc François II arriva à Rouen avec ses compagnies d’ordonnances et la flotte bretonne se renforça des navires de Lohéac. De son côté, le duc de Bourgogne avait créé par réquisition, une armée de mer en la ville de l’Ecluse pour s’opposer au retour de Warwick en Angleterre.
François II précisa au roi qu’il comptait bien passer l’hiver en sa bonne ville de Nantes. Le roi fit alors bon usage des troupes bretonnes. Il les rassembla toutes sous la direction du duc qui prit Pierre de Pont-l’Abbé comme second. Son ost tenant en respect celle du téméraire, le roi demanda aux bretons de se porter contre Abbeville et à André de Lohéac de resserrer le blocus de la Somme. Le 17 aout, alors que l’armée royale faisait une démonstration à l’est d’Amiens, l’armée bretonne et 20 bombardes françaises descendirent le cours du fleuve et mirent le siège devant la cité. Pendant dix jours, Antoine de Chabannes, chef des troupes royales, mena des diversions occupant les forces bourguignonnes. De furieuses escarmouches se développèrent le long de la rive nord. Mais à aucun moment, les forces du Téméraire ne purent venir ennuyer les 8000 bretons qui assiégeaient Abbeville. Le 22, une brèche fut faite dans la muraille. Un héraut se présenta et demanda reddition à merci dans les 24h, promettant absence de pillages et sécurité pour les citadins. La municipalité accepta mais le capitaine bourguignon refusa. Alors, le 23 au matin, la milice urbaine prit les choses en main. Elle assaillit le château, défenestra le capitaine et massacra la garnison bourguignonne. En raison de ces évènements, François II refusa de séjourner dans la localité. Il y plaça le reste des bandes de Léon et de Cornouaille sous la direction de Pierre de Pont-L’Abbé qui se mit de suite à l’ouvrage. Le nouveau gouverneur conserva par devers lui 10 bouches à feu du roi de France.
Les marins ne chômèrent pas pendant la belle saison. Si Warwick resta en France pour négocier avec le roi et Marguerite d’Anjou, ses navires furent incorporés dans la flotte bretonne et prirent part aux nombreux engagements navals qui se produisirent sur la Manche de juin à la fin Aout. Trois mois suffirent aux bretons, normands et rebelles anglais pour faire comprendre à la flotte du Téméraire que sa place la plus sûre était dans les ports, fortifiés de préférence, et non sur les mers. Le nombre de prises s’éleva à une vingtaine d’importants navires. Les marchandises furent vendues à Rouen, les canons récupérés et les meilleurs navires conservés. En septembre, alors que la flotte s’apprêtait à retourner vers les eaux ducales, Warwick proposa à Jean de Quelennec et André de Lohéac un petit détour par la côte anglaise. Le 13 septembre, alors que le comte débarquait ses troupes à Darmouth et Plymouth, les deux amiraux bretons terminaient de ramasser tout ce qui flottait et qui avait une quelconque valeur entre Calais et l’ile de Wright. Les 20 navires du printemps 1470 étaient devenus une trentaine. Puis, ils filèrent vers les côtes bretonnes. Pendant ce temps là, Yann de Ranrouët voguait vers la mer d’Irlande pour prévenir Jasper Tudor de l’alliance entre les Lancastres et Warwick. Les troupes irlandaises de Jasper débarquèrent à Barnstable à la St Michel et rejoignirent le comte. Edouard IV voyant ses soutiens le déserter, décida de fuir en Bourgogne où il arriva le 2 octobre. Henri VI fut rétabli sur le trône, Warwick devint lieutenant du royaume et sa fille Anne de Neville fut fiancée à l’héritier Edouard de Westminster, fils de Marguerite d’Anjou.
Combat Franco-Anglais.
La flotte anglaise connait un important déclin en raison de la guerre civile et des flottes bretonnes, lancastres et normandes.

A l’automne, la situation avait basculé. L’Angleterre était alliée au roi de France. Louis contrôlait la vallée de la Somme et une partie des forteresses du comté de bourgogne. Enfin, l’alliance franco-anglaise livrait aux Bretons l’accès à la mer du nord et aux riches côtes de Zélande et de Hollande. Le Téméraire devait négocier.

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