dimanche 9 juin 2013

1471.Ep5. Par le Fer et par le Feu

A l'annonce de la mort de Charles de Guyenne, ayant rassemblé 80000 hommes à Arras et croyant avoir dispersé les forces du roi de France sur trois fronts, Charles de Bourgogne s'en vint châtier l'empoisonneur. Il venait de perdre un potentiel allié qui, bien que faible, lui donnait la possibilité de frapper dans le dos de Louis XI. Si l'empoisonnement ne fut qu'un prétexte, il suffit aux deux partis en présence. Ils attendaient tous cette confrontation. Fort de ses alliances et de son armée nouvelle, le duc décida de frapper le premier pour inciter ses alliés à s'engager plus avant. Il traversa donc la Somme et mit le siège devant Nesle. La garnison résista peu et la reddition fut acceptée au second jour. Malheureusement, certains habitants la refusèrent et continuèrent à se battre. Les Bourguignons firent de la ville un exemple. Les franc-archers de la garnison eurent le poing coupé, leur capitaine fut cloué à une potence. Quant aux habitants, tous furent massacrés, même ceux réfugiés dans l'église. En entrant à cheval dans cette dernière, le duc eut ces mots :

 "Voilà belle besogne. Par St Georges, j'ai de bons bouchers avec moi".



L'entrée de Charles le Téméraire dans l'église de Nesle.
La nouvelle de ce massacre se répandit et Roye se rendit dés l'approche du Téméraire. Le duc pensa que l'exemple avait bien servi et ordonna de tuer et brûler tout ce qui se dressait sur le passage de l'armée. Les Bourguignons se lancèrent donc vers le sud décimant, pillant et incendiant. De même, Montdidier se rendit pour échapper au sort de Nesles. La ligne de la Somme était forcée.
Avide de butin, la lourde armée se dirigea vers Beauvais en massacrant paysans et détruisant châteaux. Louis XI avait retiré ses forces sur Compiègne pour les rassembler et pour ne pas les laisser détruire en petits paquets par cette horde dévastatrice. De Rouen, François II fit de même laissant juste deux garnisons à Abbeville et à St Valéry en Somme, base des corsaires bretons. Sur les conseils de Pierre de Pont L'abbé, il confia ses compagnies d'ordonnance à Jean IV de Rieux, maréchal de Bretagne, pour attaquer le flanc de cette horde et malmener ses maraudeurs. De plus, il décida de se mettre en marche et de suivre l'armée bourguignonne dans l'espoir de lui porter quelques coups fatals. Il partit avec les 6000 bretons qu'il avait rassemblés. De Compiègne, le roi lança sa cavalerie dans des actions de harcèlement. Il avait besoin de conserver ses troupes en cas d'attaque majeure sur d'autres fronts ou de poussée bourguignonne vers Paris. Pourtant, Il voulait sa vengeance et encouragea ses capitaines de Champagne à razzier le comté de Bourgogne. Enfin, Antoine de Chabannes, comte de Dammartin, harcelait Charles et ses bourguignons depuis St Quentin et Amiens.
 
A Beauvais, les ouvriers couvreurs qui travaillaient sur le toit de la cathédrale sonnèrent l'alerte quand ils virent les 400 hommes de l'avant-garde bourguignonne. Sans garnison, livrée à elle-même, effrayée par les histoires des réfugiés paysans, la ville refusa de parlementer. Le lendemain, les bourgeois s'armèrent et se défendirent des attaques de l'avant-garde qu'ils repoussèrent. Deux jours plus tard, le duc et son corps de bataille arrivèrent mais des renforts étaient rentrés dans l'enceinte municipale. En quelques jours, Antoine de Chabannes y envoya 400 lances et des franc-archers. Cela renforça considérablement le moral de la cité. Ainsi,  pendant un mois, hommes, femmes et soldats de France repoussèrent ensemble les assauts du Téméraire. Le peuple de France s'opposait à l'impérialisme du Prince de Bourgogne. Malgré un certain nombre de sorties catastrophiques, la ville tenait toujours à la fin octobre. Devant l'échec de son artillerie et de ses espions qui tentèrent plusieurs fois d'incendier la cité, le duc leva le camp d'autant plus que la cavalerie bretonne et française harcelait sans trêve ses fourrageurs et que l'armée du roi de France s'était avancée sur son flanc est. Enfin, son armée trop nombreuse pour rester immobile était en proie aux privations et aux maladies.

Le duc enragé et humilié se replia par l'ouest incendiant et détruisant les villages du Beauvaisis et du pays de Caux sur son chemin. Eu, Neufchâteau et St Valéry en Caux furent détruites. Dieppe renforcée par des troupes bretonnes amenées par mer ne faiblit pas après deux jours d'assauts bourguignons. Le duc se rendit compte que son armée perdait hommes et moral en raison de la faim, des maladies, de la tactique employée, des harcèlements et de l’arrivée de l'hiver. Il fit retraite vers le nord. Début décembre, il repassa la Somme et envoya des diplomates à Louis XI. Le 7, il demanda une trêve pour cinq mois. Louis XI attendit dix jours pour répondre. Cela lui permit de récupérer ses forteresses. En quatre mois d'opérations, Charles n'avait rien gagné qu' une très mauvaise réputation.

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