lundi 17 juin 2013

1473. Ep2. La Manche en Feu.

Le St Michel partant de St Malo. (peinture de G. Hunt de la Mary Rose)




Les 9 navires de Yann de Ranrouët levèrent l’ancre de l’embouchure du Blavet, le 14 mars 1473. Le nouveau vice-amiral de Bretagne surveillait son escadre du château de son nouveau navire : le St Michel. Il regardait voguer la Notre de Dame du Lac qui hissait déjà sa grande voile latine. Elle allait faire route seule, le long de la côte de Bretagne pour profiter des points d’eau et de ports pour se ravitailler. Elle devait aller jusqu’à St Malo et passer sous le commandement d’un des corsaires les plus réputés de la ville, Jacques Danican. Elle était la seule des navires envoyés en méditerranée à ne pas servir sous ordres pendant cette croisière. Elle n’avait plus sa place dans son escadre dont les navires avaient été rénovés et grées pendant l’hiver en trois mâts à la portugaise. Canons et sabords avaient été installés et des boulets de fer étaient empilés dans les soutes. Les informations que Quelennec le vieux lui avait fait parvenir étaient alarmantes. L’Angleterre reconstruisait sa flotte et on comptait par dizaines les navires en chantier dans l’estuaire de la Tamise et de la Solent. Il remarqua que les lourdes caraques, si elles rendaient quelques encablures au St Michel et au St Yves, tenaient mieux la mer et le rythme de l’agile St Anne d’Auray. La combinaison d’une coque à carvel et du nouveau gréement donnait à son escadre une meilleure unité. Il en eut confirmation quand ils arrivèrent trois semaines plus tard en la ville de St Malo. Deux escadres étaient déjà au mouillage, celle des corsaires de St Malo et celle d’André de Lohéac. Le soir même, l’Amiral de Bretagne lui confiait quatre nouvelles caraques de guerre. Au St Michel et au St Yves, André de Lohéac ajouta deux caravelles armées de 12 canons, la St Anne d’Auray et la Lokmaria et quatre caraques de guerre neuves de 24 canons, le St Pol construit à Morlaix, le St Gwénolé de Brest et les St Tugdual et St Corentin, construits à Port-François. Le 17 avril, son escadron partit croiser au large de Calais et servir d’avant- garde à la flotte qui allait patrouiller plus à l’ouest. Ces deux escadres fortes de tous les navires de Bretagne comptaient 30 navires de guerre et devaient empêcher que les anglais ne reprennent aux français et aux bretons la suprématie navale dans la Manche. Pendant ce temps, Jacques Danican attendit impatiemment l’arrivée de la Notre Dame du Lac et mit les voiles pour la Normandie, le 10 mai avec 10 navires corsaires de St Malo.
Pavillon de l'Amirauté bretonne

St Valéry en Somme. Réunion des capitaines bretons à bord du St Michel.

« - Messieurs, les informations que nous ont fournis les agents du roi et de Rohan, sont alarmantes. Ces damnés godons ont rassemblé une flotte d’une cinquantaine de navires dans la tamise et un escadron de 10 bâtiments s’apprêtent à appareiller de Bristol. Nous laisserons les irlandais s’occuper de ces derniers. déclara le vice-amiral Ranrouët. Nous nous devons de conserver notre suprématie sur Manche.
- Je suppose qu’ils ont rénové leurs 30 vieilles barques et construit 20 nouvelles caraques, ajouta Quelennec le jeune. Si elles sont chargées de troupes, ça fait au moins 5000 hommes d’équipages et 5000 hommes de troupes. Comment font-ils pour ravitailler tout ce monde ?
- Leur objectif est soit très proche, soit ils vont longer la côte anglaise pour profiter des ports du sud de l’Angleterre. Sans ravitaillement, la Picardie est trop loin et je pense que l’escadre de Bristol n’a qu’un seul rôle : approvisionner la flotte si elle réussit à se glisser hors de la manche.
- Donc, leur objectif serait l’Irlande. Henry Tudor va adorer ça !
- Oui, mais ils ont un second objectif : Nous. Ils doivent se débarrasser de notre flotte et de nos corsaires s’ils veulent être tranquilles en mer d’Irlande pour assiéger l’ile de Man ou Dublin.
- Dés qu’on les aperçoit, il faudra prévenir l’amiral. Ma caravelle est là pour ça. Elle est plus rapide que la St Anne. affirma le capitaine de la Lokmaria.
- André de Lohéac patrouille déjà dans l’ouest de la Manche, reprit l’amiral de Ranrouët. Nous devons ralentir la flotte anglaise et le prévenir de son passage du pas de Calais. Nous allons donc fonctionner différemment et former une ligne de patrouille de trois groupes. Du nord au Sud, St Tugdual et St Corentin seront sous les ordres de Quelennec puis St Michel et St Yves dont j’assurerai le commandement et enfin, St Gwénolé et St Pol fermeront la ligne dirigés par Hervé de Kerouadès. Les caravelles patrouilleront en avant et au nord de la ligne par alternance et une d’entre elles sera toujours avec mon groupe. Restez à portée de vue les uns des autres. Si vous voyez la flotte anglaise, hissez un drapeau bleu. Pendant le combat, ne vous engagez pas bord à bord. Harcelez- les ! On est trop faible pour leur barrer le passage. Tirez puis dégagez. Visez les coques. Coulez en quelques-uns. Ne montez pas à l’abordage ! On est là ni pour faire des prises ni pour prendre des prisonniers, on est là pour gêner, retarder et énerver cette armada. Filez si vous êtes débordés puis revenez et recommencez ! Messieurs, si vous n'avez pas de questions, alors... Buvons à la défaite des Godons.


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