mercredi 5 juin 2013

1470. Ep4. Dialogue de mules.

Après avoir assuré le succès des négociations entre Marguerite d’Anjou et Warwick, le roi rentra à Paris où il leva des fonds pour soutenir la guerre. Puis il se rendit à Roye et atteignit enfin Noyon en octobre où se regroupèrent l’armée royale et sa garde écossaise. Les garnisons picardes étaient soutenues par les forces du Duc de Bretagne qui, composée de 8000 cavaliers et fantassins ainsi que de 10 canons, étaient suffisantes pour repousser une traversée de la Somme par les Bourguignons. Le roi Louis XI avait atteint son but. Il avait repris les cités données à Péronne et Conflans. Il était aussi entrain de grignoter petit à petit le comté de Bourgogne et celui de Bar. Ses compagnies d’ordonnance menaient de fréquentes excursions dans les terres d’Artois et du Hainaut où elles ravageaient les campagnes et obligeaient les vassaux du Téméraire à conserver leurs forces loin du véritable théâtre d’opérations. Le Téméraire maintenait avec le roi de France des contacts diplomatiques constants pour obtenir une trêve et le retour des cités conquises. La perte de son allié anglais l’obligea à accepter l’état des choses. Si France et Bourgogne étaient financièrement épuisées, l’armée française avait l’initiative. Il accepta donc la trêve que le roi demandait. Mais, il exigea le retour des forteresses picardes ou de celles des comtés de Bar et de Bourgogne pour la signer. Louis XI n’était pas dupe. Il savait que cette trêve n’aboutirait qu’à retarder l’inévitable. Mais il s’en contenta car sa position était tout autant difficile. Il n’avait plus un sous. Il avait financé la marine bretonne, les forces de Warwick et de Jasper Tudor, corrompu le comte de Bresse, payé les soldes des mercenaires bretons, de ses compagnies d’ordonnance et de la levée du ban et de l’arrière-ban. Ses coffres étaient vides. De plus, du temps lui permettrait de renflouer son trésor et de faire la paix avec son frère Charles. Celui-ci n’étant plus l’héritier du trône depuis le 30 juin, avait perdu de l’importance sur l’échiquier politique. Mais il contrôlait toujours le sud de la Guyenne. Il retira ses troupes du comté de Bar puis du comté de Bourgogne. On signa pour quinze jours de trêve. Le roi proposa la ville d’Ham pour y négocier la paix. Les émissaires se rencontrèrent, discutèrent, firent des allers-retours portant des courriers et des propositions. Mais rien ne vint. Seule, la trêve passa de quelques jours à quelques mois. Le roi démobilisa donc ses franc-archers, son ban et son arrière-ban. 1470 passa sans qu’un accord fut trouvé.

Scène de Banquet au Moyen-âge.
A la toussaint, le duc François II rejoignit le roi à Noyon où les échanges diplomatiques se poursuivaient. Il laissa deux informations s’ébruiter négligemment. Tout d’abord, le contrat des 4200 hommes du traité d’Ancenis arrivait à terme et deuxièmement, il cherchait deux épouses, une pour lui et une pour son fils. Le roi de France n’avait plus de fille à marier. Jeanne la boiteuse et Anne étaient déjà fiancées. Louis XI demanda la prolongation d’une année du contrat des bandes de Vannes, Nantes, Rennes et Retz et proposa la somme de 50000 livres payables en deux fois. Le duc engagé dans la même guerre que le roi, accepta. François II mit alors en avant sa campagne en Saintonge, l’occupation de l’ile d’Oléron, la prise d’Abbeville et demanda récompense. Il espérait du roi compensation territoriale pour ses actions. Il informa Louis XI qu’il aurait aimé obtenir la vicomté de Thouars. Louis XI regimba puis refusa. Depuis mai, elle revenait à Anne de France. Il proposa que le roi lui cède seulement la seigneurie de la Garnache, modeste fief dépendant de la dite vicomté qui comprenait l’ile de Noirmoutier. Le roi était d’accord mais demanda que le seigneur reste vassal de sa fille et donc, du roi de France. François II rappela au roi qu’en temps que Montfort, il était son vassal mais qu’en tant que duc de Bretagne, il ne pouvait lui rendre hommage-lige pour ce présent, même pour 50000 livres. Louis XI et son chancelier comprirent l’allusion mais en restèrent là. François II ne se découragea pas et le lendemain, il fit quelques allusions en présence des émissaires de Bourgogne sur la bonne santé, sur le goût des armes et des arts de son fils de 7 ans. Il fit de même avec des membres des grandes familles de France. Il rappela ainsi à tous, qu’il cherchait fiancée pour son fils, mais aussi épouse pour lui. Louis XI le fit alors venir car il craignait que ces mariages ne créent une nouvelle alliance des Princes, une nouvelle ligue du Bien Public. Il accorda la seigneurie comme territoire du duché de Bretagne. Le roi voulait la Bretagne comme alliée et devait en payer le prix. Mais il était mécontent et donna son congé au duc. François II sortit après avoir juste courbé la tête. Le roi n’avait rien dit des droits des Penthièvres.

Vue aérienne du Chateau-fort de Noirmoutier au XXème siècle.
source : ileochateau.com
Le retour des compagnies d'ordonnance bretonnes se fit en un mois par la Normandie. Dès son arrivée, le duc envoya Pierre Landais en sa nouvelle seigneurie pour y faire un état des lieux et commença le dessin de la forteresse qu’il voulait construire sur l’ile de Noirmoutier. A la noël 1470, François II de Bretagne proposa à Jean II de Rohan de fiancer sa fille Françoise à son fils Jean. Le jeune Jean lui répondit que son accord dépendrait de la dispense papale. On ne mariait pas des cousins comme cela et la nature aussi pouvait rappeler la toute petite Françoise.

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