L’été en la cour de France avait été réjouissant et
distrayant pour les membres de la cour ducale. François II était quand même inquiet
pour son héritier. Jean VI n’avait pas fait bonne impression sur la noblesse
française. Perçu comme un original amoureux des arts et des lettres, il s’était
trop absorbé dans les trésors italiens ramenés par Michel Landais. Les Français
avait pris cela pour du dédain. Seuls Louis XI, Anne et Pierre de Beaujeu
avaient apprécié son jeune enthousiasme et sa conversation. Louis XI l’avait
même complimenté sur ses connaissances politiques et sa compréhension des
puissances européennes. Le roi avait secrètement engagé son chambellan Philippe
de Commynes à trouver un parti français pour Jean VI. Renforcer les liens avec
la Bretagne restait une des priorités royales et Jean VI était une cible toute
trouvée pour renforcer l’influence française dans le duché breton. Alors que
tous s’amusaient, le Duc et le Roi tinrent quelques conseils discrets. Le duc
fit part de ses inquiétudes sur l’absence d’enregistrement du traité interdisant l'ingérence du parlement de Paris en ses affaires et obtint le
payement des derniers arriérés de soldes de ses mercenaires. Tout de velours, le
roi promit d’accentuer sa pression sur les parlementaires parisiens et offrit son
appui diplomatique pour le mariage de Jean VI. Le duc remercia du bout des
lèvres et prit congé. Il voulait rentrer en Bretagne pour présider ses Etats et
attendre son second héritier. Enceinte de quatre mois, Gabrielle, la duchesse souhaitait retrouver le calme de sa cour nantaise. La caravane ducale
atteignit lors des dernières chaleurs d’aout l’estuaire de la Loire et se vit
offrir une entrée par la populace. Le duc exhiba les trésors italiens ramenés
par Michel Landais et parcourut les rues avec son fils dont la santé et la
curiosité ravirent le petit peuple.
La Porte-Prison à Vannes. |
La Foire de Nantes gravure du XIXè siècle. |
Enfin, sur les conseils de son chancelier vieillissant
Guillaume Chauvin, le duc demanda aux députés de ses états de fournir un effort
administratif sans précédent. Par souci de bonne justice, il avait ordonné la
compilation des coutumes de Bretagne par ses officiers dans le but d’harmoniser
les pratiques judiciaires et appelaient donc les membres les plus illustres de
son duché à coopérer pleinement pour faciliter le bon déroulement de cette
opération. Les membres des trois ordres réagirent favorablement à cette demande
et promirent leur pleine et entière coopération dans une suite de discours
ampoulés et interminables qui clôturèrent les Etats. François II regagna Nantes
fort heureux de voir ses sujets aller de l’avant.