Chapeau ducal du Téméraire récupéré dans le butin et exposé au musée de Grandson. Photo de momox de Morteau. |
Pour renforcer son autorité, Charles passa le printemps à
parader dans les villes alsaciennes avec la moitié de son armée tandis que l’autre
se rassemblait à Lausanne après son passage en Lorraine. Dans chaque ville qu'il traversa, le téméraire déploya ses richesses et sa puissance. Joyaux, perles, vêtements de brocard, vaisselles d'or côtoyaient bombardes gigantesques, couleuvrines imposantes, bandes de mercenaires bigarrés d'Italie et archers redoutés d'Angleterre. Ils étaient précédés des gendarmes d'ordonnance de Bourgogne, rutilants du froid métal de la guerre et juchés sur de redoutables destriers cuirassés de fer. Vêtu d'une armure à liseré d'or et d'un chapeau recouvert du plus noble des métaux, Charles le Téméraire menait ce défilé de bannières et d' étendards qui rappela aux Alsaciens qu'ils n'étaient qu'une puissance minuscule face à celui qui s' auto-proclamait Grand Duc d'Occident. Charles obtint calme et obéissance des villes du Rhin qui lui fournirent suffisamment de ravitaillement pour aller faire la guerre en Suisse. Il les frappa tout de même d'une amende de 50000 livres. Les acclamations avaient été moins nombreuses que les regards de peur et les volets clos.
L'ost de Bourgogne n’arriva à Grandson que le 12 mai et demanda la reddition de la garnison. Celle-ci résista mais fut prise d’assaut le lendemain. Charles fit pendre les survivants à cause de leur obstination imbécile. A Neuchâtel, les forces des cantons suisses étaient prêtes et décidèrent de le surprendre pendant ce qu'ils croyaient être un siège. Agissant comme éclaireurs, les troupes montées de Pierre du Pont L’Abbé arrivèrent sur le mont Aubert qui supplante le château de Grandson, le 13 au soir. Les cavaliers bretons étaient séparés en deux groupes, une de lanciers légers et une d’arbalétriers montés. Pierre du Pont-L'abbé fit prévenir les forces des cantons que le camp bourguignon n’avait posté que des sentinelles pour surveiller l'accès nord, le long du lac de Neuchâtel. Les discussions entre les chefs suisses prirent toute la soirée mais les Bernois réussirent à convaincre les autres cantons de s’attaquer aux Bourguignons. Le 14 mai, les piquiers suisses s’avancèrent vers la ville. Mais la situation avait changé. Charles de Bourgogne avait posté son armée pour défendre l’accès nord-est à Grandson. Près de la rive, son artillerie couvrait la route du lac tandis que ses piétons et sa cavalerie étaient en embuscade formant un fer à cheval de la rive aux forêts des pentes abruptes du mont Aubert. En avant d’une ligne garnie de pieux défendant les hommes à pied, Charles avait posté sa cavalerie tout en laissant des intervalles par lesquels artillerie et archers pouvaient arroser les assaillants. En début de matinée, Pierre de Pont-l’Abbé vit tout cela et prévint les Suisses des nouvelles dispositions de l’ost bourguignon. Les Bernois qui formaient l’avant-garde décidèrent de pousser l’assaut car ils avaient peur de voir les autres cantons refuser de poursuivre les combats. Confiants dans leur formation en carré et dans leur agressivité, les Suisses chargèrent sous une pluie de missiles. Le carré se révélait une formidable cible pour l’artillerie et les archers bourguignons. L’assaut tourna court mais l’alternance de charges et de tirs n’entama pas la résolution des Bernois qui restèrent sur le champ de bataille. Lorsque le corps principal des Suisses arriva, les Helvétiques et les Bourguignons réitérèrent les mêmes tactiques qui aboutirent au même résultat. Se regroupant, les Helvétiques formèrent peu à peu un énorme carré résistant aux charges et aux tirs de l’ost bourguignon. Mais l’assaut était arrêté et les pertes s'élevaient rapidement quand, d'un coup, le flanc gauche de l’armée bourguignonne s’écroula. Les archers et les hommes d’armes à pied s'enfuirent. Derrière les pieux plantés par les Bourguignons apparut l’étendard à la croix noire et les lanciers de Pierre du Pont-L'abbé. Un groupe de 500 arbalétriers demonta et arrosa de carreaux les chevaliers de Charles alors qu’ils se portaient à la rescousse de leur infanterie. Pieux et missiles firent le nécessaire et les cavaliers bourguignons durent se replier derrière le centre de la ligne du Temeraire. Ce répit permit aux Helvètes de reprendre l’initiative, d’enfoncer le flanc droit et de capturer l'artillerie de Charles alors que le centre résistait furieusement grâce aux Compagnies d'ordonnance du Duc. Celui-ci rassembla alors les restes de sa cavalerie et tenta une dernière charge sur le carré des cantons. Harcelés par les arbalétriers bretons sur leur flanc et repoussés par les piquiers, les gendarmes ne purent percer et refluerent en désordre sur le centre affaibli. A ce moment-là, sonnant de tous ses cors de guerre, l’arrière-garde suisse déboucha sur la plaine. S'il renforça le courage helvète, ce hurlement sauvage remplit d'effroi les Bourguignons qui craquèrent enfin et s’enfuirent vers l'ouest. Partageant ses troupes en deux, Pierre de Pont-L’Abbé engagea ses lanciers qui firent un massacre des piétons de bourgogne tandis que ses arbalétriers montés devançant les Suisses s’emparèrent du campement de Charles. Pierre et ses 600 hommes s'approprierent les bagages du Duc laissant le reste à l’ost suisse épuisée.
L'ost de Bourgogne n’arriva à Grandson que le 12 mai et demanda la reddition de la garnison. Celle-ci résista mais fut prise d’assaut le lendemain. Charles fit pendre les survivants à cause de leur obstination imbécile. A Neuchâtel, les forces des cantons suisses étaient prêtes et décidèrent de le surprendre pendant ce qu'ils croyaient être un siège. Agissant comme éclaireurs, les troupes montées de Pierre du Pont L’Abbé arrivèrent sur le mont Aubert qui supplante le château de Grandson, le 13 au soir. Les cavaliers bretons étaient séparés en deux groupes, une de lanciers légers et une d’arbalétriers montés. Pierre du Pont-L'abbé fit prévenir les forces des cantons que le camp bourguignon n’avait posté que des sentinelles pour surveiller l'accès nord, le long du lac de Neuchâtel. Les discussions entre les chefs suisses prirent toute la soirée mais les Bernois réussirent à convaincre les autres cantons de s’attaquer aux Bourguignons. Le 14 mai, les piquiers suisses s’avancèrent vers la ville. Mais la situation avait changé. Charles de Bourgogne avait posté son armée pour défendre l’accès nord-est à Grandson. Près de la rive, son artillerie couvrait la route du lac tandis que ses piétons et sa cavalerie étaient en embuscade formant un fer à cheval de la rive aux forêts des pentes abruptes du mont Aubert. En avant d’une ligne garnie de pieux défendant les hommes à pied, Charles avait posté sa cavalerie tout en laissant des intervalles par lesquels artillerie et archers pouvaient arroser les assaillants. En début de matinée, Pierre de Pont-l’Abbé vit tout cela et prévint les Suisses des nouvelles dispositions de l’ost bourguignon. Les Bernois qui formaient l’avant-garde décidèrent de pousser l’assaut car ils avaient peur de voir les autres cantons refuser de poursuivre les combats. Confiants dans leur formation en carré et dans leur agressivité, les Suisses chargèrent sous une pluie de missiles. Le carré se révélait une formidable cible pour l’artillerie et les archers bourguignons. L’assaut tourna court mais l’alternance de charges et de tirs n’entama pas la résolution des Bernois qui restèrent sur le champ de bataille. Lorsque le corps principal des Suisses arriva, les Helvétiques et les Bourguignons réitérèrent les mêmes tactiques qui aboutirent au même résultat. Se regroupant, les Helvétiques formèrent peu à peu un énorme carré résistant aux charges et aux tirs de l’ost bourguignon. Mais l’assaut était arrêté et les pertes s'élevaient rapidement quand, d'un coup, le flanc gauche de l’armée bourguignonne s’écroula. Les archers et les hommes d’armes à pied s'enfuirent. Derrière les pieux plantés par les Bourguignons apparut l’étendard à la croix noire et les lanciers de Pierre du Pont-L'abbé. Un groupe de 500 arbalétriers demonta et arrosa de carreaux les chevaliers de Charles alors qu’ils se portaient à la rescousse de leur infanterie. Pieux et missiles firent le nécessaire et les cavaliers bourguignons durent se replier derrière le centre de la ligne du Temeraire. Ce répit permit aux Helvètes de reprendre l’initiative, d’enfoncer le flanc droit et de capturer l'artillerie de Charles alors que le centre résistait furieusement grâce aux Compagnies d'ordonnance du Duc. Celui-ci rassembla alors les restes de sa cavalerie et tenta une dernière charge sur le carré des cantons. Harcelés par les arbalétriers bretons sur leur flanc et repoussés par les piquiers, les gendarmes ne purent percer et refluerent en désordre sur le centre affaibli. A ce moment-là, sonnant de tous ses cors de guerre, l’arrière-garde suisse déboucha sur la plaine. S'il renforça le courage helvète, ce hurlement sauvage remplit d'effroi les Bourguignons qui craquèrent enfin et s’enfuirent vers l'ouest. Partageant ses troupes en deux, Pierre de Pont-L’Abbé engagea ses lanciers qui firent un massacre des piétons de bourgogne tandis que ses arbalétriers montés devançant les Suisses s’emparèrent du campement de Charles. Pierre et ses 600 hommes s'approprierent les bagages du Duc laissant le reste à l’ost suisse épuisée.
La fuite du Téméraire par Eugène Burmand. |
Le butin fut colossal. Les pertes l’étaient
aussi. 4000 Suisses sur environ 20000 étaient étendus sur le champ de bataille tandis
que 3000 Bourguignons ne se présentèrent pas au rassemblement de l’ost
à Lausanne. Charles avait perdu l’ensemble de son artillerie mais aussi les symboles de sa richesse et de sa puissance. Joyaux, vêtements
de parade, tapisseries, vaisselles de prix et trésor de guerre restèrent entre les mains
des Helvétiques et des Bretons. A Lausanne, enragé et humilié, Charles Le Téméraire rassembla ses troupes désorganisées, appela celles stationnant en Alsace et prépara furieusement une seconde offensive. Il n'allait pas se laisser faire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire