Armoirie de l'Emirat de Grenade. |
Lorsque Quelennec le Jeune fit escale à Lisbonne en juillet,
il commençait à être pleinement satisfait de son escadron qui se comportait
enfin en marin. Il déposa les diplomates à destination de la cour du Portugal.
Un agent de Rohan prit contact avec lui et l’informa de la situation dans la
péninsule ibérique. La Castille était en guerre contre le Portugal. Alphonse du
Portugal n’acceptait pas qu’Isabelle de Castille devienne l’héritière du
royaume de Tolède car elle était fiancée à Ferdinand, l'héritier d’Aragon. Le roi
n’étant pas présent, le jeune vice-amiral décida de laisser les diplomates
bretons puis de mettre les voiles pour Valence où il débarquerait les
ambassades pour l’Aragon et pour Rome. Il passa le détroit de Gibraltar et
profitant des vents océaniques, il remonta le long de la côte andalouse. A la
hauteur d’Almeira, il reçut une visite inattendue. Un chébec se présenta devant
la flotte bretonne et demanda une négociation avec les représentants du duché
de Bretagne. Pendant deux jours, les représentants du Duc
discutèrent avec ceux de l’Emir. Les Andalous offraient un accès complet à
leurs marchés mais demandaient aux Bretons de leur vendre armes, poudre et
canons. Quelennec le jeune répondit qu’aucun des représentants du duc ne
pouvaient prendre une telle décision mais qu’il était d’accord pour emmener un
petit groupe de Grenadins à Nantes. L’Emir devait bien prendre en compte qu’il
n’aurait sa réponse qu’au printemps prochain. Le 15 aout, l’escadron de
Port-François entrait à Valence. Quelennec le Jeune déposa les ambassadeurs de
Bretagne puis fila vers l’Atlantique avec à son bord trois représentants
musulmans.
Les diplomates en Castille et au Portugal ne réussirent qu’à
renouveler les accords commerciaux des années précédentes. Ils désappointèrent
Alphonse du Portugal quand ils lui annoncèrent qu’aucune des bandes n’étaient
libres. Pourtant, il passa commande d'un certain nombre d'articles militaires que son pays ne pouvait produire en quantités suffisantes : poudre et éléments d'armures. Les deux délégations rentrèrent dés l’automne en Bretagne. A Rome, au
contraire, les négociations furent longues mais fructueuses. En
effet, les ambassadeurs bretons apportaient un message du légat du Pape en
France. Celui-ci recommandait à sa sainteté Sixte IV de reconnaitre le pouvoir
de Henry Tudor en Irlande et d’élever l’évêché de Vannes au statut
d’archevêché. Ce nouvel archevêché aurait juridiction sur l’ensemble des terres
du duché de Bretagne. Sixte IV décida de ne plus faire la sourde oreille et il
présenta le projet à l‘administration vaticane. Cet archevêché permettrait de
désolidariser les évêchés bretons de la France et donc des éléments les plus
gallicans de l’église française. En ce qui concerne l’Irlande, le pape ne
souffla mot.
Le Duc mit tout de suite son veto. Il n’allait pas recevoir les Grenadins. François II confia à son beau-frère Jean les demandes du Roi du Portugal en poudre et
en armes. Et, devant lui, il souligna que le duché ne pouvait s’opposer à ce que des
marchands indépendants entreprennent de vendre des armes aux musulmans. Jean comprit parfaitement le message. Rachetant des vieux stocks de l'ost breton, Rohan rassembla les marchandises rapidement. Profitant d'un beau mois de décembre, cinq
navires de Rohan partirent vers le sud, officiellement à destination de
Lisbonne. Ils avaient pour instruction de troquer armes et poudre contre sucre
ou épices. Or Grenade était le terminus des routes musulmanes du commerce de ces denrées.
Carte de l'Emirat de Grenade en 1475 |
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