François II vit la paix arrivée avec soulagement car
l’énorme effort maritime qu’il avait entrepris commençait à peser sur ses
finances et sur la population. L’armement de 50 navires avait prélevé une si
forte partie de la population de pécheurs que la pêche, les sécheries et le
commerce maritime avaient connu leur première baisse d’activité depuis les
réformes de Pierre Landais. André de Lohéac restructura la marine bretonne par
soucis d’économie et parce que Louis XI ne continuerait pas à financer une
flotte aussi importante en temps de paix. Il diminua le nombre de navires en
escadre à 20. 16 carvels et 4 caravelles se répartirent en deux escadrons, le
premier à Morlaix et le second à Port-François qui resta le premier centre de
ravitaillement et de construction des navires du duc. Le trésorier des Guerres
vendit les plus endommagés et les plus anciens aux enchères à Nantes et
Morlaix. Les agents de Jean de Rohan en acquirent cinq qui complétèrent la
flotte embryonnaire du prince-marchand de Bretagne. Les acheteurs malouins
cherchaient eux des navires armés car ils avaient obtenus du Sire de la Mer, le
droit de s’armer en corsaire pour des nations étrangères. C’est ainsi que
Jacques Danycan repartit en Irlande avec une dizaine de bâtiments malouins. La Notre Dame du Lac connut un sort plus
funeste. Décortiquée par les charpentiers de Port-François, elle ne fut
remontée qu’en 1477 et finalement, vendue. Yann de Ranrouët conserva le
commandement de la Grande Escadre dite aussi escadre du ponant tandis que
Quelennec le Jeune garda celui de l’escadron de Port-François. La Grande
Escadre perdit nombre de navires anciens et ne se composa plus que de 12
carvels et de 3 caravelles à partir de 1475. André de Lohéac décida de
maintenir les 8 caravelles garde-côtes pour lutter contre la contrebande en
Manche.
Le retour des marins permit de réarmer de nombreux navires
marchands et bâtiments de pêches dés l’été et les échanges avec les Flandres et
la péninsule ibérique reprirent rapidement. Les navires bretons étendirent
leurs rayons d’action jusqu’à Hambourg et jusqu’à la méditerranée. Si la Hanse
dominait la Baltique, si les Anglais conservèrent l’avantage dans leurs
relations avec les Flandres, les Bretons supplantèrent les autres nations dans
le domaine du transport atlantique de marchandises. Seul, le Portugal maintient
un commerce florissant autour du sucre de ses iles atlantiques. L’Irlande,
encore en guerre avec les Anglais, entra directement dans le commerce breton.
Rohan y écoula des armes et des canons tandis que les négociants de Morlaix y
vendirent en priorité du vin, du sucre et du blé en surplus en Basse- Bretagne.
Ils ramenèrent de la laine, des plants de lin et des peaux. Les plants de lin
connurent un grand succès en Bretagne en raison de leurs faibles couts par
rapport à ceux de la baltique. Pendant un temps, la laine approvisionna les
ateliers de draps autour de Rennes et Vitré mais elle était trop concurrencée
par la production de l’élevage breton qui se développait sur les terres
incultes. Ainsi, la laine et les peaux d'Irlande disparurent rapidement du marché breton. Enfin, les malouins y trouvèrent
un terrain de chasse idéale sous les ordres de Jasper Tudor avec la bénédiction
du duc et du roi de France.
La Forteresse d'Ancenis, complétée en 1484, fut creusée dans la rive de la Loire et les parties vulnérables aux boulets construites en briques qui absorbaient mieux le choc des boulets de métal. |
La diminution des dépenses militaires permit au duc de
s’atteler à de nouveaux projets. En mai, il décida en son
conseil de guerre de rénover les défenses de châteaux de sa marche avec la
France. Il s’agissait de changer le dessin des forteresses pour adapter tours
et murs à l’usage de l’artillerie. François II prit alors deux décisions qui
changèrent la Haute - Bretagne. Il imposa une nouvelle architecture des forts
avec des tours plus basses, semi-enterrées, aux murs doublés en épaisseur et
capables de supporter deux à quatre pièces d’artillerie tirant en enfilade.
Deuxièmement, il décida de rénover les routes de Bretagne pour faciliter le
transport des pierres nécessaires aux nouvelles constructions et
l’approvisionnement des forteresses. Ancenis et Fougères seraient les deux
premières cités à profiter de ces innovations. Il exonéra les transports de pierres de
tous péages et de toutes taxes vers ces deux destinations à condition qu’elles
proviennent de carrières bretonnes.
Les nouveaux murs de Fougères complétées en 1487. le talus à gauche fut obtenu par le creusement des fondations et des douves.
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Allié de la France contre le Téméraire, François II ne se
préoccupait pas de la réaction de Louis XI concernant ces deux forteresses.
S’il avait obtenu le contrôle des iles anglo-normandes jusqu’à la paix, les
agents du duc l’avaient informé de l’opposition des parlementaires parisiens à
l’enregistrement du traité d’Angers. Or, depuis février, Louis XI n’avait pas
obligé son parlement à officialiser ce traité. Connaissant le pouvoir du roi de
France et sa volonté implacable de le faire appliquer, François II comprit
rapidement qu’il s’était fait berner par le résident de Plessis-lès-Tours. C’est
ainsi qu’il exigea une petite hausse des tarifs de recrutement de ses
mercenaires en août lorsque les trésoriers du roi vinrent recruter les
Bandes du Léon et de Cornouailles. Cette petite vengeance ne mena à rien. Le jour de la St Michel, au dernier jour des Grands Jours de Rennes, François II annonça la transformation de cette cour de justice en Parlement.
Jean II de Rohan fut bien aise à l'automne quand sa femme lui apprit qu'elle était enceinte. Yann de Ranrouët, seigneur de Noirmoutier, vice-amiral de Bretagne le fut aussi quand il épousa la fille de Guillaume Chauvin, Isabelle, de 10 ans sa cadette. Ses témoins furent André de Lohéac et son ami Rohan. Enfin, Pierre Landais apprit que son fils se mettrait sur le chemin du retour à la nouvelle année. Son grand projet allait prendre forme.
Jean II de Rohan fut bien aise à l'automne quand sa femme lui apprit qu'elle était enceinte. Yann de Ranrouët, seigneur de Noirmoutier, vice-amiral de Bretagne le fut aussi quand il épousa la fille de Guillaume Chauvin, Isabelle, de 10 ans sa cadette. Ses témoins furent André de Lohéac et son ami Rohan. Enfin, Pierre Landais apprit que son fils se mettrait sur le chemin du retour à la nouvelle année. Son grand projet allait prendre forme.
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