L’alliance du Duc de Bourgogne et de l’Angleterre ne prit pas Louis XI au dépourvu. Il s’y était préparé depuis longtemps et avait pris mantes dispositions pour contrer l’alliance naissante que le duc avait formée. Quand Charles signait un traité avec la Savoie, le roi s’alliait avec le duc Sforza de Milan. Quand le duc annonçait son mariage avec Marguerite d’York, Louis convoyait plus de fonds aux partisans des Lancastres qui résistaient encore dans le nord du pays de Galles. Quand le téméraire officialisait son alliance avec l’Angleterre, Le roi présenta son nouvel allié : le duc François II. Quand il tenta de faire appel aux grands du royaume, Louis convoqua les Etats Généraux à Tours et y invita personnellement les ducs et comtes de France. Ses arrières sécurisés, le roi passa l’année à préparer la guerre avec la Bourgogne, l’Angleterre et la Savoie. Edouard IV n’ayant pas accepté de renouveler la trêve, la France était de facto en guerre contre la nation anglaise. Par de belles paroles et quelques promesses habiles, il relança le mécontentement dans la ville démantelée de Liège qui voulait retrouver ses libertés municipales. En avril, aux Etats Généraux, l’ambassade bretonne fut acclamée car elle précédait quatre bandes de 1200 hommes chacune. Le roi y annonça qu’il finançait depuis janvier, une escadre bretonne pour la guerre navale. Les Etats Généraux votèrent le rattachement définitif au domaine royal de la Normandie et l’impossibilité de la transformer en apanage. Par ce vote, Nobles, Clercs et membres du tiers proclamaient leur soutien inconditionnel à la monarchie française.
Vue actuelle du Chateau de St Malo, base de départ de l'escadre bretonne que François II confia à André de Lohéac. |
En Bretagne, François II nomma un des plus expérimentés capitaines de son duché à la tête de l’escadre : André de Lohéac. La nomination d’un capitaine en disgrâce à la cour de France était un subtil rappel au roi que le traité d’Ancenis devait être respecté et que l’argent devait couler vers la Bretagne tout autant que dans les bourses des soldats du roi. Le contrat de location de l’escadron, premier de son genre, rapporta au duc une rallonge de 50.000 livres. Equiper 20 navires n’était pas une mince affaire et nécessitait une expérience et une préparation que les malouins étaient prêts à accorder si on leur permettait d’ajouter dix de leurs propres navires équipés de lettres de représailles à cette flotte. Le duc sur les conseils de Pierre Landais accepta et pour la première fois, accorda gratuitement des lettres de marque, l’armement des navires restant à la charge des malouins. A la tête de 30 bâtiments de toutes les tailles, le baron de Lohéac hissa les voiles au printemps vers les eaux troubles de la mer d’Irlande. De son côté, le duc de Bourgogne positionna son armée autour de la ville de Péronne prête à se ruer en territoire français. Elle défendait ainsi la ville de Calais où devaient débarquer les forces anglaises du roi Edouard. Louis XI concentra la majeure partie de son ost à Compiègne et mit en alerte les forces du Dauphiné.
En fait, Edouard IV se retrouvait dans une position difficile et louis XI découvrit par ses agents qu’en fait d’alliance, le roi d’Angleterre était un tigre de papier qui ruait haut et fort mais qui n’avait pas les moyens de partir en campagne. Il devait encore pacifier le nord du pays de galles, chose faite fin septembre mais qui retarda d’un an sa venue sur le continent. De plus, le Danemark allié de la Hanse se mêla de la bonne santé du commerce anglais. Son roi confisqua quatre navires anglais. Edouard IV dut lui déclarer la guerre. En mai, il se décida et obtint du parlement le financement de sa prochaine campagne en France. Le 3 juillet, sa sœur Marguerite d’York se maria avec le duc de Bourgogne à Damme, en Flandres. Si ce mariage fut nommé le mariage du siècle grâce à la beauté de la duchesse et à la magnificence déployée par le duc, une triste figure fut remarquée par tous les participants : le duc de Berry qui n’avait toujours ni apanage ni argent pour mener sa propre politique. Il désespérait de voir sa situation évoluée d’autant plus que Louis XI avait réussi à rallier les grands du royaume de France. Les ducs de Bourbons, d’Armagnac et d’Anjou avaient reçu de quoi apaiser leurs appétits.
Louis XI ne voulait pas de guerre avec l’Angleterre. La dernière confrontation entre les deux pays n’était pas vieille de quinze ans et les ravages qu’elle avait causés en France restaient encore dans les mémoires. Si ce souvenir servit sa propagande contre le duc de Bourgogne, vassal félon et qu’il portait le germe de la nation française, Louis XI savait que le royaume ne pouvait pas se permettre une guerre contre trois ennemis. Enfin, en cas de guerre, le duc de Berry fuirait hors de sa portée ou serait capturé par Charles le téméraire qui alors, en ferait ce qu’il voudrait. Le roi devait protéger son héritier pour le bien du royaume. Le duc de Bourgogne avait maintenu des contacts avec la cour de France et renouvelait de mois en mois ses trêves avec le roi de France. Malgré l’avis de ses conseillers qui voulaient continuer à faire pression sur le duc, Louis envoya en Bourgogne le seul des membres de son conseil défendant l’option diplomatique le cardinal Jean Balue. Il arriva au camp du duc, le 6 octobre. Ne voyant pas débarquer d’armée anglaise à Calais, le duc accepta une négociation d’homme à homme dans la ville de Péronne. Le roi s’y rendit le 9 octobre. Fort de ses succès diplomatiques en Bretagne et lors de la ligue du bien public, il se croyait capable de manipuler le duc, récupérer son hériter et conserver sa suzeraineté sur la Bourgogne. Ce jour-là, les milices de Liège en pleine révolte fondirent sur la ville de Tongres où résidaient le Prince de Bourbon et le gouverneur bourguignon Humbercourt.
Discussion houleuse entre Louis XI et Charles Le Téméraire à Péronne. |
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