François II passa l’hiver en sa bonne ville de Nantes où il surveilla le début des travaux du château. Il augmenta ses défenses et y adjoignit un logis pour son conseil et sa cour. En avril, il se rendit à Ancenis sur l’invitation de Louis XI. Après trois semaines de négociations et surtout de banquets, le jour de Pâques, le duc accepta une alliance défensive contre 200.000 livres tournois et le rachat du comté de Penthièvre pour 100.000, payées intégralement par Louis XI : il se convainquit que c’était une bonne affaire. Le 25 mai, les ambassadeurs du duc renouvelèrent la trêve d’un an avec l’Angleterre malgré la guérilla navale qui se poursuivait dans la Manche. En juin, il se rendit à Clisson où il assista au 4eme anniversaire de son fils. Jean de Montfort-L’amaury abandonna ce jour-là ces robes d’enfant et revêtit pour la première fois des chausses et un pourpoint. Il célébra la majorité de son beau-frère Jean II de Rohan, vicomte de Rohan, de Leon ; comte de Porhoët, seigneur de Blain, de la Garnache et de Beauvoir sur Mer, époux de Marie de Bretagne, sœur de la duchesse Marguerite. Le duc présida les Etats de Bretagne du 15 aout au 15 septembre en la ville de Vannes. Il y imposa la création des Grands Jours, cour d’appel souveraine copiée sur le parlement de Paris. En octobre, il se déplaça à Angers où il rencontra le Roi René. Les deux ducs passèrent un accord sur le commerce des vins et du sel qui limitait les péages sur la Loire. Puis, il rentra à Nantes où il redessina pour la énième fois les plans du château en y incluant une tour d’artillerie. Le plan fut finalement dédié au renforcement de la forteresse d’Ancenis.
Chateau des ducs de Bretagne à Nantes |
Pierre Landais, Trésorier Général du duché, suivit son duc jusqu’à la mi-septembre. De Janvier à Mai, il s’intéressa au commerce et investit personnellement dans la construction navale et en tant que trésorier général dans les mines de plomb argentifère du Huelgoat. Il créa un quai dans la ville de Blavet (Port Louis, en face de l’actuelle Lorient) et rénova la route qui reliait cette ville au Huelgoat par Carhaix. Pendant l’été, il prépara une vaste réforme de l’administration centrale du duché, réforme qu’il soumit au duc en aout. Il en obtint l’application malgré l’opposition de Guillaume Chauvin. En septembre, il fit approuver par les Etats un recensement de la population fiscale pour réévaluer les fouages (impôts par tête).De Vannes, le jour de la St Michel, il se rendit sur le blavet pour vérifier l’état des travaux. Puis il termina l’année à Nantes pour mettre en place les conseils dont les membres étaient nommés par le Duc.
Guillaume Chauvin conserva son poste de Chancelier et de garde des sceaux. Il rénova son administration en créant quatre services spécialisés : les Archives ducales, la vice-chancellerie de Basse- Bretagne, la vice-chancellerie de Haute-Bretagne et enfin, la vice-chancellerie d’outre-duché qui s’occupa de la correspondance avec les puissances étrangères et qui fut toujours sous la direction directe du Chancelier. En avril, il joua un rôle central dans les négociations et poussa le duc à assurer la paix aux frontières de son duché par une alliance avec la France. Il le convainquit de racheter le comté de Penthièvre pour diminuer l’influence de cette famille car elle avait des droits sur la succession des Montforts. En septembre, il obtint des Etats et du duc que le Chancelier représenterait le Duc en ses Grands Jours et en ses conseils si celui –ci s’absentait. Il fit recruter des juristes parisiens et offrit à plusieurs maîtres réputés du parlement de Paris le poste de premier président du parlement ainsi que celui de doyen du collège de droit de l’université de Nantes. Jean Buré, juriste originaire de Montfort-L’amaury et maître des requêtes de Paris, accepta.
En janvier, Jean II de Quelennec, amiral de Bretagne, obtint du duc l’autorisation d’armer un escadron de cinq navires destinés à pourchasser les pirates anglais et bretons qui sévissaient le long du littoral nord. Homme trapu et ventripotent, bien plus à l’aise sur le pont d’un navire qu’à cheval, Jean II de Quelennec finança l’opération avec ses parts de la vente des lettres de marques et pourchassa pendant tout le printemps et l’été les navires anglais qu’ils soient pirates ou non. En juillet, il embarqua Jean de Rohan qui désirait s’instruire des choses de la mer. Jean de Quelennec poussa son escadron jusqu’à l’ile de Jersey à la St Michel. Fin octobre, de retour à Nantes, il décréta que les navires de Bretagne devait porter le drapeau blanc frappé d’hermines ou celui à la croix noire frappé d’hermines pour faciliter leur identification. Si l’opération anti-piraterie n’eut pas les succès escomptés, les petits navires pirates s’enfuyant à la vue des lourdes caraques armées, elle facilita le commerce dans la manche, permit quelques prises de navires anglais et vit le premier usage de couleuvrines (canons de faible calibre) sur des navires bretons. Enfin, elle décida Jean de Quelennec à chercher un navire plus rapide, plus manœuvrant et capable de s’approcher des hauts fonds dangereux pour les lourdes caraques.
André de Lohéac resta à Nantes jusqu’en mars puis se rendit en son domaine de Montjean en Mayenne où il fit réparer le château mais ne le renforça pas. En avril, il demanda au roi louis XI de venir lui faire sa cour. Celui-ci refusa et André de Lohéac voyagea jusqu’à Machecoul dans le pays de Retz dont il entreprit le renforcement. Il agrandit notamment les meurtrières. Il put ainsi armer ses tours de canons. Comprenant qu’il ne s’agissait que d’un pire-aller car les servants étaient mal protégés, il dessina une tour circulaire aux murs très épais et aux étages renforcés avec deux hauteurs de canons donnant de la gueule dans des meurtrières équipés de volets protecteurs. Il y passa son été. De nouveau, en septembre, il écrivit au roi de France espérant un changement d’opinion sur sa personne. Louis XI ne répondit pas. En octobre, il se rendit à la cour de Bretagne et devant les grands officiers du duché, il demanda au duc à prendre du service sous son commandement. Lors de la réforme des conseils, François II le nomma membre permanent du Grand Conseil.
Tour d'artillerie du château de Fougères construite sur les plans d'André de Lohéac (source : mesvieuxchateaux.blogpost.com) |
Jehan II de Rohan parcourut ses fiefs pendant l’hiver et le printemps. Il rencontra en avril les marchands et les seigneurs du Léon qui l’informèrent sur les possibilités de développement du textile dans cette région. Il séjourna à Morlaix et assista à l’exportation des toiles de lin vers le Portugal. A la St Jean, il célébra sa majorité et rendit l’hommage-lige à son beau-frère le duc. En juillet, il participa à la croisière navale de l’amiral de Bretagne et y passa haut la main son baptême du feu. Débarqué à St Malo avant la virée sur Jersey, Jehan de Rohan traversa la Bretagne du nord au sud pour assister aux Etats à Vannes où il soutint les décisions de son beau-frère. Il y fit un discours sur l’importance du commerce et des liaisons maritimes qui réjouit les représentants des villes. En octobre, de retour au château de Josselin, il éplucha ses finances et planifia l’extension des forges de Pontivy et de Josselin.
Chateau des Comtes de Rohan à Pontivy |
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