L’annonce de la prise de Tongres par les Liégeois mit le duc de Bourgogne en fureur. Les informations qui lui parvinrent dans la nuit du 12 au 13 octobre lui indiquaient que deux représentants du roi se trouvaient dans la ville et que son gouverneur et le prince-évêque avaient été exécutés par les rebelles. Même si le second message était faux, d’amicale, la relation franco-bourguignonne tourna à l’orage. Le duc confina le roi dans ses appartements malgré le serment qu’il lui avait fait de le laisser libre. Louis XI se sut perdu. Sa garde écossaise et les 300 lances qui l’escortaient ne suffiraient jamais à percer les défenses bourguignonnes. Il était piégé dans un château où régnait un duc furieux et impulsif qui maintenant lui en voulait à mort. Il dut céder et signa un traité de paix où il donnait définitivement les villes de la somme à Charles de Bourgogne, l’apanage de la Champagne à son frère et le renoncement du parlement de Paris à juger les appels provenant de Bourgogne. Le duc gagnait ainsi sa souveraineté judiciaire et l’état bourguignon coupait ses derniers liens avec le royaume de France. Mais cela ne calma pas Charles le Téméraire. Il était si furieux qu’il exigea du Roi qu'il l'accompagne à Liège châtier les rebelles. Louis XI, encore une fois, dut s’incliner. Il avait fait une erreur qui pouvait lui coûter la vie. Il n’avait pas d’autre choix que de subir ou de payer le prix du sang. En fait, ceux qui burent sa coupe jusqu’à la lie furent les Liégeois. Lors de la chute de la ville, le duc força le roi à porter la cocarde bourguignonne et à défiler dans la cité avant que les bourguignons ne la pillent et ne la ruinent. Le 2 novembre, ayant obtenu tout ce qu’il désirait, Charles le Téméraire rendit sa liberté au roi et lui proposa de renégocier le traité dans une volte-face inattendue. Il l’assura aussi que Charles de Berry et lui pouvait se mettre d’accord sur un autre apanage que la Champagne. Louis XI refusa et partit de Liège la rage au cœur. Humilié pendant un mois, Le roi rentra en France le 4 novembre. Jamais, il ne pardonnerait Péronne.
Dés la chute de la cité wallonne, le duc de Berry était rentré en contact avec Louis et celui-ci avait engagé des discussions au sujet de son retour et de son apanage. Alors que le roi reprenait la route de la capitale, le duc de Berry se sépara de la cour de bourgogne. Il s’installa alors dans la ville picarde de Noyon. Son départ de Genappe se fit sous le couvert de la nuit. Il avait obtenu très peu du Téméraire. L’argent et les troupes n’étaient jamais apparus. Si Charles de Berry avait recherché l’amitié et l’alliance du téméraire dans les années précédentes, son comportement impulsif et l’usage sans limite de sa puissance militaire avaient transformé sa bienveillance en crainte. Il s’en retourna donc en France. Ville royale, Noyon se situait à quelques lieues de places fortes bourguignonnes et Charles y voyait un endroit approprié pour négocier avec son frère. Après un mois d’échanges épistolaires, le duc accepta de prendre en apanage la Guyenne et non la Champagne. Le traité fut finalisé à Melun par une rencontre émouvante entre les deux frères sur le cours de la Seine. Ils se rendirent ensemble sur les bords de Loire pour passer la fin de l’année.
Louis XI força son royaume à accepter le traité humiliant de Péronne qu’il fit enregistrer par le Parlement en sa présence. Il avait obtenu la paix avec le Téméraire et pouvait maintenant s’occuper des affaires d’Angleterre où les bretons avaient assuré au clan Tudor une situation plus confortable. Lors de l’avent, il reçut un flot de lettres de la part de François II qui se plaignait de son allié et de ses décisions. La Bretagne voyait la zone de tension se rapprocher de sa frontière sud. Si le duc de Berry maintenait ses bonnes dispositions avec Charles de Bourgogne, le pays de Retz pourrait devenir zone de guerre. Malgré les belles actions des hommes de Bretagne et l’argent qu’il avait amassé, le duc François était furieux. En effet, la Guyenne était riche et rattachée au royaume de France depuis peu. La loyauté des barons aquitains envers le roi étaient plus que fragile. Enfin, les Anglais lorgnaient encore sur ce territoire et y maintenaient des agents séditieux. Même si le duc de Berry avait abandonné l’alliance bourguignonne pour l’obtenir, pour François II, ce n’était que des mots car depuis Ancenis, il savait très bien comment il était simple de changer de camp. il menaça Louis de ne pas reprendre les efforts militaires consentis contre l’Angleterre et de renouveler sa trêve avec Edouard IV. Il avait d’ailleurs une ambassade à Londres que le roi Edouard courtisait de manière éhontée.
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