1463
Le 29 juin 1463 nait en la ville
de Clisson Jean fils de François II duc de Bretagne et de Marguerite de
Bretagne. Cette naissance est attendue dans le duché qui célèbre la descendance
de son bon duc. Celui-ci a mené une politique bien reçue par les bretons :
en 1460, il fonde une université en la ville de Nantes où il entame aussi la
rénovation du château. En 1462, il réforme la justice, le métier d’avocat,
augmente les peines pour les faux-monnayeurs et les faux témoins. Cette politique
intérieure est la continuation de celle de ses prédécesseurs. Le duc veut
renforcer l’autorité ducale sur ses territoires et diminuer l’importance des
grandes familles bretonnes comme les Rohan, les Penthièvre et les Rieux. Ces
familles possèdent des domaines considérables qui se trouvent dans le duché et
dans le royaume de France. Leur capacité à faire appel au roi de France et à
ses institutions judiciaires est un frein puissant contre cette politique. La
politique intérieure du duché est ainsi fortement liée à ses relations avec le
royaume de France.
Le duc François II mène dés
l’arrivée au pouvoir de Louis XI une politique de rupture qui cherche non
seulement à protéger l’autonomie bretonne mais surtout à créer une entité
totalement indépendante du royaume de France. Il se veut « roi en son
duché » et déclare comme ses prédécesseurs avoir reçu son pouvoir de la
grâce de dieu comme le roi de France. Ainsi, il n’est pas apparu au sacre de Louis
à Reims en 1461 et n’a pas prêté l’hommage simple que les ducs de Bretagne
doivent au roi de France depuis le XIVe siècle. Il n’a pas non plus prêté
l’hommage-lige qu’il doit pour ses titres français de Montfort et d’Etampes. Si
ses prédécesseurs ont réussi à maintenir la Bretagne quasi-indépendante, le duc
François II se trouve face à un adversaire de poids : Louis XI qui veut
centraliser les pouvoirs féodaux et abaisser les grands du royaume. Sa
puissance se heurte au poids des grands féodaux qu’ils soient bretons,
angevins, bourguignons ou gascons. Ainsi, dés 1462, louis XI a essayé de nommer
un abbé à Redon mais il a échoué. Cette année-là, la nomination de l’évêque de
Nantes Amaury d’Acigné est révélatrice de cette volonté d’ingérence. Les
accords entre Rome et le duché impliquent que les évêques fassent hommage au
duc pour leurs possessions temporelles. Amaury refuse, est chassé du duché et
reçoit le soutien du roi de France qui réclame la garde des évêchés bretons et
remet en cause l’existence de la couronne ducale. Le pape laisse trainer l’affaire
car il veut protéger l’Eglise bretonne des aspirations gallicanes que Louis XI
a réactivées dés son arrivée au pouvoir.
Or la naissance d’un héritier
change la position géopolitique du duché. Le principe de succession compliquée
de la Bretagne donnait des droits aux Rohan et aux Penthièvres. Cette naissance
affaiblit leur importance politique dans le duché d’autant plus que François II
convoque les Etats de Bretagne en septembre et fait légitimer sa succession par
ceux-ci et par la cour du parlement de Bretagne. Ainsi, lors de la St Michel,
le jeune Jean dit de Montfort-L’amaury est reconnu comme héritier par la
noblesse, le clergé et les représentants des villes de Bretagne. De même, dans
son arrêt, la cour du parlement de Bretagne stipule que le futur Jean VI de
Bretagne est reconnu héritier du duc de par la grâce de dieu.
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