A l'annonce de la mort de Charles de Guyenne, ayant
rassemblé 80000 hommes à Arras et croyant avoir dispersé les forces du roi de
France sur trois fronts, Charles de Bourgogne s'en vint châtier l'empoisonneur.
Il venait de perdre un potentiel allié qui, bien que faible, lui donnait la
possibilité de frapper dans le dos de Louis XI. Si l'empoisonnement ne fut qu'un
prétexte, il suffit aux deux partis en présence. Ils attendaient tous cette
confrontation. Fort de ses alliances et de son armée nouvelle, le duc décida de
frapper le premier pour inciter ses alliés à s'engager plus avant. Il traversa
donc la Somme et mit le siège devant Nesle. La garnison résista peu et la
reddition fut acceptée au second jour. Malheureusement, certains habitants la
refusèrent et continuèrent à se battre. Les Bourguignons firent de la ville un
exemple. Les franc-archers de la garnison eurent le poing coupé, leur capitaine
fut cloué à une potence. Quant aux habitants, tous furent massacrés, même ceux
réfugiés dans l'église. En entrant à cheval dans cette dernière, le duc eut ces
mots :
"Voilà belle besogne. Par St Georges, j'ai de bons bouchers avec moi".
"Voilà belle besogne. Par St Georges, j'ai de bons bouchers avec moi".
L'entrée de Charles le Téméraire dans l'église de Nesle. |
La nouvelle de ce massacre se répandit et Roye se rendit
dés l'approche du Téméraire. Le duc pensa que l'exemple avait bien servi et
ordonna de tuer et brûler tout ce qui se dressait sur le passage de l'armée.
Les Bourguignons se lancèrent donc vers le sud décimant, pillant et incendiant.
De même, Montdidier se rendit pour
échapper au sort de Nesles. La ligne de la
Somme était forcée.
Avide de butin, la lourde armée se dirigea vers Beauvais
en massacrant paysans et détruisant châteaux. Louis XI avait retiré ses forces
sur Compiègne pour les rassembler et pour ne pas les laisser détruire en petits
paquets par cette horde dévastatrice. De Rouen, François II fit de même
laissant juste deux garnisons à Abbeville et à St Valéry en Somme, base des
corsaires bretons. Sur les conseils de Pierre de Pont L'abbé, il confia ses
compagnies d'ordonnance à Jean IV de Rieux, maréchal de Bretagne, pour attaquer
le flanc de cette horde et malmener ses maraudeurs. De plus, il décida de se
mettre en marche et de suivre l'armée bourguignonne dans l'espoir de lui porter
quelques coups fatals. Il partit avec les 6000 bretons qu'il avait rassemblés.
De Compiègne, le roi lança sa cavalerie dans des actions de harcèlement. Il
avait besoin de conserver ses troupes en cas d'attaque majeure sur d'autres
fronts ou de poussée bourguignonne vers Paris. Pourtant, Il voulait sa
vengeance et encouragea ses capitaines de Champagne à razzier le comté de
Bourgogne. Enfin, Antoine de Chabannes, comte de Dammartin, harcelait Charles et ses bourguignons depuis St Quentin et Amiens.
A Beauvais, les ouvriers couvreurs qui travaillaient sur
le toit de la cathédrale sonnèrent l'alerte quand ils virent les 400 hommes de
l'avant-garde bourguignonne. Sans garnison, livrée à elle-même, effrayée par
les histoires des réfugiés paysans, la ville refusa de parlementer. Le
lendemain, les bourgeois s'armèrent et se défendirent des attaques de
l'avant-garde qu'ils repoussèrent. Deux jours plus tard, le duc et son corps de
bataille arrivèrent mais des renforts étaient rentrés dans l'enceinte
municipale. En quelques jours, Antoine de Chabannes y envoya 400 lances et des
franc-archers. Cela renforça considérablement le moral de la cité. Ainsi, pendant un mois, hommes, femmes et soldats de
France repoussèrent ensemble les assauts du Téméraire. Le peuple de France
s'opposait à l'impérialisme du Prince de Bourgogne. Malgré un certain nombre de
sorties catastrophiques, la ville tenait toujours à la fin octobre. Devant
l'échec de son artillerie et de ses espions qui tentèrent plusieurs fois
d'incendier la cité, le duc leva le camp d'autant plus que la cavalerie
bretonne et française harcelait sans trêve ses fourrageurs et que l'armée du
roi de France s'était avancée sur son flanc est. Enfin, son armée trop
nombreuse pour rester immobile était en proie aux privations et aux maladies.
Le duc enragé et humilié se replia par l'ouest incendiant et détruisant les villages du Beauvaisis et du pays de Caux sur son chemin. Eu, Neufchâteau et St Valéry en Caux furent détruites. Dieppe renforcée par des troupes bretonnes amenées par mer ne faiblit pas après deux jours d'assauts bourguignons. Le duc se rendit compte que son armée perdait hommes et moral en raison de la faim, des maladies, de la tactique employée, des harcèlements et de l’arrivée de l'hiver. Il fit retraite vers le nord. Début décembre, il repassa la Somme et envoya des diplomates à Louis XI. Le 7, il demanda une trêve pour cinq mois. Louis XI attendit dix jours pour répondre. Cela lui permit de récupérer ses forteresses. En quatre mois d'opérations, Charles n'avait rien gagné qu' une très mauvaise réputation.
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