Le St Michel partant de St Malo. (peinture de G. Hunt de la Mary Rose) |
Les 9 navires de Yann de Ranrouët levèrent l’ancre de
l’embouchure du Blavet, le 14 mars 1473. Le nouveau vice-amiral de Bretagne
surveillait son escadre du château de son nouveau navire : le St Michel. Il regardait voguer la Notre de Dame du Lac qui hissait déjà sa
grande voile latine. Elle allait faire route seule, le long de la côte de
Bretagne pour profiter des points d’eau et de ports pour se ravitailler. Elle
devait aller jusqu’à St Malo et passer sous le commandement d’un des corsaires
les plus réputés de la ville, Jacques Danican. Elle était la seule des navires
envoyés en méditerranée à ne pas servir sous ordres pendant cette croisière.
Elle n’avait plus sa place dans son escadre dont les navires avaient été
rénovés et grées pendant l’hiver en trois mâts à la portugaise. Canons et
sabords avaient été installés et des boulets de fer étaient empilés dans les
soutes. Les informations que Quelennec le vieux lui avait fait parvenir étaient
alarmantes. L’Angleterre reconstruisait sa flotte et on comptait par dizaines
les navires en chantier dans l’estuaire de la Tamise et de la Solent.
Il remarqua que les lourdes caraques, si elles rendaient quelques encablures au
St Michel et au St Yves, tenaient mieux la
mer et le rythme de l’agile St Anne
d’Auray. La combinaison d’une coque à carvel et du nouveau gréement donnait
à son escadre une meilleure unité. Il en eut confirmation quand ils arrivèrent
trois semaines plus tard en la ville de St Malo. Deux escadres étaient déjà au
mouillage, celle des corsaires de St Malo et celle d’André de Lohéac. Le soir même,
l’Amiral de Bretagne lui confiait quatre nouvelles caraques de guerre. Au St Michel et au St Yves, André de Lohéac ajouta deux
caravelles armées de 12 canons, la St
Anne d’Auray et la Lokmaria et
quatre caraques de guerre neuves de 24 canons, le St Pol construit à Morlaix, le St
Gwénolé de Brest et les St Tugdual
et St Corentin, construits à
Port-François. Le 17 avril, son escadron partit croiser au large de Calais et
servir d’avant- garde à la flotte qui allait patrouiller plus
à l’ouest. Ces deux escadres fortes de tous les navires de Bretagne comptaient
30 navires de guerre et devaient empêcher que les anglais ne reprennent aux
français et aux bretons la suprématie navale dans la Manche. Pendant ce temps, Jacques
Danican attendit impatiemment l’arrivée de la Notre Dame du Lac et mit les voiles pour la Normandie, le 10 mai
avec 10 navires corsaires de St Malo.
Pavillon de l'Amirauté bretonne |
St Valéry en Somme. Réunion des capitaines bretons à bord du St Michel.
« - Messieurs, les informations que nous ont fournis les agents du roi
et de Rohan, sont alarmantes. Ces damnés godons ont rassemblé une flotte d’une
cinquantaine de navires dans la tamise et un escadron de 10 bâtiments
s’apprêtent à appareiller de Bristol. Nous laisserons les irlandais s’occuper
de ces derniers. déclara le vice-amiral Ranrouët. Nous nous devons de conserver notre suprématie sur Manche.
- Je suppose qu’ils ont rénové leurs 30 vieilles barques et construit 20
nouvelles caraques, ajouta Quelennec le jeune. Si elles sont chargées de
troupes, ça fait au moins 5000 hommes d’équipages et 5000 hommes de troupes.
Comment font-ils pour ravitailler tout ce monde ?
- Leur objectif est soit très proche, soit ils vont longer la côte anglaise
pour profiter des ports du sud de l’Angleterre. Sans ravitaillement, la Picardie
est trop loin et je pense que l’escadre de Bristol n’a qu’un seul rôle :
approvisionner la flotte si elle réussit à se glisser hors de la manche.
- Donc, leur objectif serait l’Irlande. Henry Tudor va adorer ça !
- Oui, mais ils ont un second objectif : Nous. Ils doivent se débarrasser
de notre flotte et de nos corsaires s’ils veulent être tranquilles en mer
d’Irlande pour assiéger l’ile de Man ou Dublin.
- Dés qu’on les aperçoit, il faudra prévenir l’amiral. Ma caravelle est là
pour ça. Elle est plus rapide que la St
Anne. affirma le capitaine de la Lokmaria.
- André de Lohéac patrouille
déjà dans l’ouest de la Manche, reprit l’amiral de Ranrouët. Nous devons
ralentir la flotte anglaise et le prévenir de son passage du pas de Calais.
Nous allons donc fonctionner différemment et former une ligne de patrouille de
trois groupes. Du nord au Sud, St Tugdual et St Corentin seront sous les ordres de Quelennec puis St Michel
et St Yves dont j’assurerai le commandement et enfin, St Gwénolé
et St Pol fermeront la ligne dirigés par Hervé de Kerouadès. Les
caravelles patrouilleront en avant et au nord de la ligne par alternance et une
d’entre elles sera toujours avec mon groupe. Restez à portée de vue les uns des autres. Si vous
voyez la flotte anglaise, hissez un drapeau bleu. Pendant le combat, ne vous
engagez pas bord à bord. Harcelez- les ! On est trop faible pour leur
barrer le passage. Tirez puis dégagez. Visez les coques. Coulez en
quelques-uns. Ne montez pas à l’abordage ! On est là ni pour faire des
prises ni pour prendre des prisonniers, on est là pour gêner, retarder et énerver
cette armada. Filez si vous êtes débordés puis revenez et recommencez !
Messieurs, si vous n'avez pas de questions, alors... Buvons à la défaite des
Godons.
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