dimanche 9 juin 2013

1471.Ep4. La seconde guerre de Bourgogne.

Le 22 juin, des messagers partirent de Nantes dans toutes les directions. François II demandait à Morlaix et au Blavet de ravitailler sa flotte et à ses compagnies d’ordonnance de se rassembler à Rennes pour une revue. Louis XI mit en état d’alerte les garnisons de Picardie. Il ordonna de rassembler ses compagnies d’ordonnance à Compiègne et à Lyon. Le soir - même, n’attendant pas sa suite nombreuse, il chevauchait vers la capitale. A Orléans, il apprit que la Savoie et l’Aragon se joignait à l’alliance bourguignonne. Il demanda la levée du Ban occitan et aquitain, puis il transporta sa seconde armée de Lyon à Nîmes. Le 25 juin, François II se dirigea sur Rennes après avoir confié son fils et sa femme aux défenses du château de Clisson où les rejoignit Marie de Rohan. André de Lohéac retrouva sa flotte au Blavet et mit les voiles vers le nord. A Morlaix, les marchands réorganisèrent des convois et ravitaillèrent les navires de la flotte bretonne. St Malo était en effervescence depuis le passage d’Henri Tudor et armait tous les navires qu’elle pouvait en corsaire pour les envoyer dans la Manche et dans la mer d’Irlande.
Château de Clisson, refuge des ducs de Bretagne.
Lorsque les 10 navires de Lohéac firent relâche à St Malo, les 10 caraques de Morlaix l’attendaient ainsi que 10 corsaires malouins qui voulaient profiter de la flotte bretonne pour rejoindre St Valery en Somme. Les Malouins voulaient en faire leurs bases d’opérations sur les côtes picardes et wallonnes. Le 17 juillet, le baron de Retz débarquait à Barfleur et reçut ses ordres de Louis XI : empêcher l’anglais de traverser la Manche en bloquant Calais.

André de Lohéac laissa les Malouins agir à leur guise et entama à partir de la Picardie une surveillance constante des abords de Calais avec son escadre de 20 bâtiments. Il ne vit jamais de flotte anglaise. Celle-ci était occupée ailleurs et combattait un adversaire bien plus pugnace : Jasper Tudor, comte de Pembroke. Celui-ci avait fui au pays de Galles et réoccupé temporairement la forteresse de Harlech. Dés l’annonce de l’arrivée d’une armée yorkiste, il prit la mer pour l’ile de Man d’où il rejoignit l’Irlande. Il y contacta son ancien allié, le baron de Kildare, Gerald Mor Fitzgerald et l’informa de la situation en Angleterre. Le Lord deputy of Ireland, qui avait basculé dans le camp Lancastre en 1469, comprit de suite que sa tête ne vaudrait pas grand-chose à la cour d’Edouard IV s’il ralliait la cause de la couronne. Il écouta Jasper Tudor et il accepta ses plans.

Maquette de Dublin au moyen-âge.
Ce dernier envoya alors un message à son neveu Henri et au duc de Bretagne. Début juillet, le comte de Pembroke eut la surprise de voir arriver trois navires malouins dans le port de Dublin. Jacques Danican, leur commandant, demanda au Comte de Pembroke de se mettre à son service le temps de la guerre. Il amenait 100 franc-Archers de St Malo et l’information qu’Edouard n’avait pas garni de troupes l’ile de Man. Le comte sauta sur l’occasion. La fin de l’été vit donc les Tudor s’installer en terres d’Irlande. A partir d’aout 1471, Les corsaires irlandais et malouins utilisèrent l’ile de Man comme base d’opérations contre l’Angleterre. Dés septembre, avec l’arrivée des premières prises, les habitants se joignirent au combat contre la Couronne.
Le port de Dublin au Moyen-âge.
(source :after http://www.medievaldublin.ie/index.php/gallery)
En Bretagne, à Rennes, le duc, Pierre Landais et Guillaume Chauvin reçurent l’habituel financement du roi de France pour l’utilisation de la flotte bretonne. Cet argent fut reversé au chantier du Blavet pour accélérer la construction des deux caraques de guerre de Jean de Quelennec. L’échange de courrier avec le roi lui apprit l’évolution de la situation dans le royaume de France et il fit envoyer un message à Yann de Ranrouët pour lui demander d’entrer en Méditerranée et d’attaquer le commerce aragonais. Il passa en revue 6000 cavaliers, 3000 de ses compagnies d’ordonnance et 3000 vassaux avaient répondu à son appel. Il nota la présence importante des contingents du Comte de Rieux et du Comte de Rohan. Ce dernier se trouvait à Morlaix où il armait deux autres navires pour la protection d’un convoi pour Lisbonne et organisait la défense des côtes de Brest à St Malo. Avant de partir pour Rouen, Le duc alla prier au Mont St Michel si bien qu’il n’arriva sur les rives de la Seine que le 19 juillet. Louis XI lui confia les Bandes bretonnes une nouvelle fois pour protéger la Haute-Normandie de Rouen à Abbeville. Comme l’année précédente, il prit Pierre de Pont-l’Abbé comme second. Avant son départ, Il avait chargé le maréchal de Rieux d’utiliser le Ban pour la défense des forteresses de Bretagne et en particulier, celles du Sud car il craignait une action de Charles de Guyenne. Le vieil amiral en prit le commandement.
Cette crainte était absolument injustifiée. Charles pleurait sa maîtresse au fond de son lit de souffrances. Atteint de la syphilis, il se mourait. Il la rejoignit dans l’au-delà le 3 août 1471. Cette nouvelle parcourut la France plus vite que le galop du messager qui la portait. Louis XI envoya ses garnisons de St Jean d’Angély et de Ré occuper la ville de Bordeaux tandis que celle de Saintes parcourait l’est de la Guyenne jusqu'à Toulouse pour rallier les vassaux de Charles. A Malines, le duc de Bourgogne avait aussi rassemblé son ost et ses compagnies d’ordonnance, cria à l’empoisonnement et accusa Louis XI de fratricide et de sorcellerie. Le 23 août, il traversait la Somme avec 80000 hommes.



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