A Nantes, le duc félicita ses conseillers pour leurs réalisations pendant l'année précédente. Il accueillit avec joie ses trois marins préférés dont les parts de prises avaient remplies les coffres du duché. Il souhaita la bonne année à tous et les remercia d’avoir fait de la Bretagne un duché fort, industrieux et commerçant. Puis il les invita tous à profiter du festin qu'il avait fait préparer. Yann de Ranrouët était perdu dans cette cours de Bretagne. Mais son nouveau statut de Chevalier l'obligeait envers le duc. Ce titre et celui de capitaine de Noirmoutier lui donnait droit à une pension confortable. François II l'avait promu pour lui donner plus de pouvoirs dans la flotte. Il devait d’ailleurs retourner à Oléron dés les premiers beaux jours pour en rapatrier la garnison. Comme il n’était pas du tout à l'aise, il se mit à raconter des histoires au jeune héritier. Des années plus tard, François II lui avouera qu'il avait secrètement chanté ses louanges, ce soir-là car il ne savait pas quoi dire à son propre fils. Il ne l'avait pas vu pendant un an et le trouvait déroutant.
Chateau des Ranrouët tel qu'il fut en 1469 après la reconstruction réalisée par Yann de Ranrouët.
Il abrite aujourd'hui le Musée des Bandes Bretonnes.
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A la droite du duc se tenaient Marie de Bretagne et son époux Jean II de Rohan. Depuis son passage sur une caravelle, Jean avait pris contact avec les charpentiers du Blavet et en avait débauché trois pour transformer un gros navire de Morlaix. Le premier trois mâts doté de sabords devait être lancé au printemps à ses frais. Ce n'était qu'une adaptation, un gréement de caravelle redimensionné posé sur une coque de caraque. Il comptait bien participer à la première croisière de son nouveau navire vers l’Ibérie puis vers les Flandres. Il avait d'ailleurs un stock important de toiles de lin à écouler.
Sa femme n'était pas du tout d'accord. Elle avait porté sa fille et accouché pendant que le duc courrait la Guyenne. De plus, elle avait assuré la garde de son neveu et la bonne gestion des fiefs. Malgré une abondante domesticité, elle était si épuisée à la naissance que l'accouchement avait failli tourner au drame. Jusqu'à ce qu’il accepte, elle lui mènerait une vie infernale.
Sa femme n'était pas du tout d'accord. Elle avait porté sa fille et accouché pendant que le duc courrait la Guyenne. De plus, elle avait assuré la garde de son neveu et la bonne gestion des fiefs. Malgré une abondante domesticité, elle était si épuisée à la naissance que l'accouchement avait failli tourner au drame. Jusqu'à ce qu’il accepte, elle lui mènerait une vie infernale.
André de Lohéac jubilait. Il avait appris la veille que Jean III de Quelennec se retirait. Le duc avait décidé de lui accorder son office jusqu'à ce que l’héritier de Quelennec aie fait ses preuves sur mer. Le duc voulait un officier capable de commander sa flotte. Jean IV de Quelennec avait donc été nommé capitaine d'un navire et André Amiral de Bretagne. Le vieux Quelennec avait décidé de rester à Blavet et d'y apporter tous ses talents d'organisateur. S'il était revenu fatigué de sa dernière campagne, il avait assuré André qu'il pouvait encore diriger un bureau et avoir des idées. Jean de Rohan et lui voulait d'ailleurs lancer un nouveau type de navire qu’ils appelaient la caraques de guerre.
Guillaume Chauvin avait passé le mois de novembre et décembre à contacter des familles illustres de France pour trouver une femme bien dotée pour son duc. Deux réponses étaient arrivées à Nantes. Deux grandes familles françaises : Gaston de Foix et Louis de Bourbon-Montpensier avaient accepté d’étudier sa proposition de mariage. Enfin, le rattachement du service des postes à sa chancellerie l'avait comblé d'aise. Même si l’ambassade à Rome n'avait pas obtenu un archevêché pour la Bretagne, des contacts avaient été pris et les clauses ecclésiastiques du traité d'Étampes reconnues par le Pape. L’évêque de Nantes n'avait plus qu'à s'incliner et le roi de France aurait bien du mal à revenir sur cette clause.
Pierre Landais avait reçu peu du duc. Ce dernier savait pertinemment qu'il se servait dans les caisses du duché. Les revenus des douanes avaient augmenté, les sècheries fonctionnaient bien, les fouages, les devoirs, les aides rentraient correctement et les contrats des bandes avaient été réglés. Même si le duc dépensait, surtout dans ses tours d’artillerie, le trésor ducal se remplissait peu à peu et les négociants nantais l'avaient même associé dans certaines affaires à gros bénéfices. Il avait beaucoup discuté avec deux lombards pendant l’automne Pierre Thedaldi et Thomas Bartoli. Ces hommes lui avaient donné une idée. Peut-être que son deuxième fils pourrait tenter cette nouvelle aventure et un petit voyage à Florence l'aiderait aussi à mûrir.
Jean de Bretagne dînait à côte de son père et écoutait les histoires du chevalier de Ranrouët. Sa tante l’avait accueilli à partir d'avril. Il avait découvert les forges, les forêts, les livres de son oncle et avait reçu ses premiers cours de français, latin et breton. Son père avait spécialement insisté sur ces derniers après le siège de Picquigny. Il avait aussi une petite cousine fort bruyante et de nouveaux jouets, des cavaliers, des canons et des franc-archers sculptés dans du chêne de Rohan. Il avait passé la meilleure année de sa vie, loin de l’étiquette de la cour et elle avait été pleine de découvertes qui le fascinaient encore. Il écoutait avec envie son voisin qui lui parlait de la mer et d’un petit navire fascinant, la caravelle. Il avait sept ans et toute la vie devant lui.
Le fils bâtard du duc se tenait loin de la table principale. La présence de l'héritier l'avait poussé à l'écart. François d'Avaugour avait 8 ans. Ce soir-là, il ressentit pour la première fois sa place d'enfant illégitime et il n'aima pas ça.
Guillaume Chauvin avait passé le mois de novembre et décembre à contacter des familles illustres de France pour trouver une femme bien dotée pour son duc. Deux réponses étaient arrivées à Nantes. Deux grandes familles françaises : Gaston de Foix et Louis de Bourbon-Montpensier avaient accepté d’étudier sa proposition de mariage. Enfin, le rattachement du service des postes à sa chancellerie l'avait comblé d'aise. Même si l’ambassade à Rome n'avait pas obtenu un archevêché pour la Bretagne, des contacts avaient été pris et les clauses ecclésiastiques du traité d'Étampes reconnues par le Pape. L’évêque de Nantes n'avait plus qu'à s'incliner et le roi de France aurait bien du mal à revenir sur cette clause.
Pierre Landais avait reçu peu du duc. Ce dernier savait pertinemment qu'il se servait dans les caisses du duché. Les revenus des douanes avaient augmenté, les sècheries fonctionnaient bien, les fouages, les devoirs, les aides rentraient correctement et les contrats des bandes avaient été réglés. Même si le duc dépensait, surtout dans ses tours d’artillerie, le trésor ducal se remplissait peu à peu et les négociants nantais l'avaient même associé dans certaines affaires à gros bénéfices. Il avait beaucoup discuté avec deux lombards pendant l’automne Pierre Thedaldi et Thomas Bartoli. Ces hommes lui avaient donné une idée. Peut-être que son deuxième fils pourrait tenter cette nouvelle aventure et un petit voyage à Florence l'aiderait aussi à mûrir.
Jean de Bretagne dînait à côte de son père et écoutait les histoires du chevalier de Ranrouët. Sa tante l’avait accueilli à partir d'avril. Il avait découvert les forges, les forêts, les livres de son oncle et avait reçu ses premiers cours de français, latin et breton. Son père avait spécialement insisté sur ces derniers après le siège de Picquigny. Il avait aussi une petite cousine fort bruyante et de nouveaux jouets, des cavaliers, des canons et des franc-archers sculptés dans du chêne de Rohan. Il avait passé la meilleure année de sa vie, loin de l’étiquette de la cour et elle avait été pleine de découvertes qui le fascinaient encore. Il écoutait avec envie son voisin qui lui parlait de la mer et d’un petit navire fascinant, la caravelle. Il avait sept ans et toute la vie devant lui.
Le fils bâtard du duc se tenait loin de la table principale. La présence de l'héritier l'avait poussé à l'écart. François d'Avaugour avait 8 ans. Ce soir-là, il ressentit pour la première fois sa place d'enfant illégitime et il n'aima pas ça.
Armoirie de François d'Avangour, fils illégitime de François II de Bretagne et d'Antoinette de Bagnolet. |
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