L'Universelle Aragne est le surnom qu’il laisserait à la postérité, se dit-il en lisant le rapport qui venait de lui parvenir d’Irlande par un des premiers marchands venus sur le continent. Louis XI se trouvait à Amboise en famille pour l’épiphanie. Son fils y résidait. Mais le roi trouvait sa présence déstabilisante. Il regarda par la fenêtre et pensa que Charles grandissait comme grandissait sa puissance. Ses actions diplomatiques de ces dernières années avaient engendré une alliance encore fragile mais qui s'affermissait de jour en jour par les coups d’épingles qu’elle donnait à ses adversaires. Si les Bretons n’avaient remporté qu’un succès partiel sur l’Angleterre, ils se renforçaient et les Irlandais se lançaient toujours plus nombreux dans la guerre de course. Une Angleterre occupée lui donnait le temps et les moyens pour intervenir ailleurs. Il décida de renforcer son soutien aux Suisses et aux Alsaciens qui se battaient dans les montagnes du Juras et dans les Vosges. Il avait d’ailleurs envoyé Pierre du Pont–L’Abbé dans cette région à la tête des bandes de Léon et de Cornouailles. Les Suisses demandant des artilleurs et des cavaliers, Louis avait monté les Bretons à ses propres frais et recruter des artilleurs à Lyon. En plein hiver, le baron du Pont-L'Abbé avait lancé des raids profonds en Franche-Comté pour menacer les lignes de communication des forces Bourguignonnes. Pendant ce temps à l’est, les Suisses avaient dégagé l’ensemble des villes de Haute-Alsace et du Brisgau. En pleine révolte contre le duc de Bourgogne, les cités avaient accueillis avec joie leurs libérateurs et décidé de se gouverner elles-mêmes. Le duc d’Autriche envoya des hérauts pour en reprendre le contrôle, mais trouva porte close. Les villes avaient refusé en bloc. Malgré les réclamations de Sigismond, Louis XI continua pendant l’hiver à soutenir les prétentions des Alsaciens et l’expansionnisme suisse qui ne pouvait se faire qu’au détriment des Autrichiens, des Bourguignons ou des Savoyards. Enfin, il avait réussi à passer une alliance avec l’Empereur. Frédéric III empereur du St Empire Romain Germanique rassemblait une armée dans les villes rhénanes pour dégager Neuss que le duc de Bourgogne assiégeait depuis 6 mois. Il lui avait fourni quelques subsides mais les finances impériales étaient faibles et le recrutement lent. Louis XI hésitait beaucoup. L’année allait être décisive et il voulait séparer Bourgogne et Angleterre. Pour cela, il devait renforcer ses garnisons en Picardie ainsi que les moyens à la disposition des Normands et des Bretons. La France allait s’engager sur mer.
Il était perdu dans ses pensées quand sa fille Anne arriva. Elle avait 13 ans et manifestait déjà un grand sens politique. Elle fit sa révérence et s’éloigna pour jouer avec son frère Charles. Elle savait déjà qu’il ne fallait pas le déranger quand il réfléchissait. Il soupira et se dit qu’il n’avait qu’à espérer que Charles aurait l’esprit aussi agile. Elle avait été fiancée à Nicolas d'Anjou mais celui-ci était mort l’année précédente. Il devait lui trouver un autre parti qui servit la cause française. Le roi hésitait entre le jeune Jean VI de Bretagne de 11 ans et Pierre de Beaujeu, un des plus grands seigneurs de la cour de France de 36 ans. Un mariage avec les Bourbons permettrait de fidéliser cette grande famille du royaume tandis qu’une alliance matrimoniale avec la Bretagne ne ferait que cimenter une alliance déjà existante. Le duc de Bretagne exigerait une dot en territoires et Louis ne voulait céder aucun parcelle de son royaume. Il regrettait encore la perte de Noirmoutier. Il faudrait qu’il consulte ses conseillers mais l’alliance des Bourbons lui paraissait plus stratégique car Pierre de Beaujeu, duc de Bourbon possédait des territoires importants en plein centre du royaume. De plus, Louis était mécontent de la prise des îles anglo-normandes par les Bretons. Il les considérait relevant du duché de Normandie et voulait les contrôler. Il aurait alors une monnaie d’échanges avec l'Angleterre et il pourrait peut-être obtenir la paix d'Edouard IV, ou au moins une trêve qui lui permettrait de s’occuper enfin du Téméraire.
Mais pour cela, il devait d’abord sécuriser ses flancs et enfoncer un nouveau coin dans les états bourguignons. Il espérait le retour rapide de Commynes pour qu’il fasse basculer le jeune René de Lorraine dans son camp. Si celui-ci fermait ses routes et ses forteresses au Téméraire, les terres du sud de l’état bourguignon seraient bonnes à prendre. Charles ferait tout pour conserver ses territoires ancestraux. Mais, si la France avait la Lorraine, les Suisses, les Alsaciens et les Bretons de son côté, elle n'aurait aucun mal à s'en emparer. Louis XI regarda son fils et sa fille puis se leva et se dit qu'il allait jouer ces deux pions avec le plus de soin possible.
Château d'Amboise où fut élevé Charles VIII Résidence royale dont Louis XI préféra ne pas trop profiter. |
Il était perdu dans ses pensées quand sa fille Anne arriva. Elle avait 13 ans et manifestait déjà un grand sens politique. Elle fit sa révérence et s’éloigna pour jouer avec son frère Charles. Elle savait déjà qu’il ne fallait pas le déranger quand il réfléchissait. Il soupira et se dit qu’il n’avait qu’à espérer que Charles aurait l’esprit aussi agile. Elle avait été fiancée à Nicolas d'Anjou mais celui-ci était mort l’année précédente. Il devait lui trouver un autre parti qui servit la cause française. Le roi hésitait entre le jeune Jean VI de Bretagne de 11 ans et Pierre de Beaujeu, un des plus grands seigneurs de la cour de France de 36 ans. Un mariage avec les Bourbons permettrait de fidéliser cette grande famille du royaume tandis qu’une alliance matrimoniale avec la Bretagne ne ferait que cimenter une alliance déjà existante. Le duc de Bretagne exigerait une dot en territoires et Louis ne voulait céder aucun parcelle de son royaume. Il regrettait encore la perte de Noirmoutier. Il faudrait qu’il consulte ses conseillers mais l’alliance des Bourbons lui paraissait plus stratégique car Pierre de Beaujeu, duc de Bourbon possédait des territoires importants en plein centre du royaume. De plus, Louis était mécontent de la prise des îles anglo-normandes par les Bretons. Il les considérait relevant du duché de Normandie et voulait les contrôler. Il aurait alors une monnaie d’échanges avec l'Angleterre et il pourrait peut-être obtenir la paix d'Edouard IV, ou au moins une trêve qui lui permettrait de s’occuper enfin du Téméraire.
Mais pour cela, il devait d’abord sécuriser ses flancs et enfoncer un nouveau coin dans les états bourguignons. Il espérait le retour rapide de Commynes pour qu’il fasse basculer le jeune René de Lorraine dans son camp. Si celui-ci fermait ses routes et ses forteresses au Téméraire, les terres du sud de l’état bourguignon seraient bonnes à prendre. Charles ferait tout pour conserver ses territoires ancestraux. Mais, si la France avait la Lorraine, les Suisses, les Alsaciens et les Bretons de son côté, elle n'aurait aucun mal à s'en emparer. Louis XI regarda son fils et sa fille puis se leva et se dit qu'il allait jouer ces deux pions avec le plus de soin possible.
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