Sur la côte
bretonne débuta un cycle inhabituel de tempêtes qui s'étendit largement dans le
mois de janvier. Il s'accompagna de la
nouvelle des émeutes de Guyenne. Le 14
décembre, le peuple de bordeaux avait détruit les cargaisons de deux navires et
décapité leurs propriétaires, deux marchands nantais. Les négociants de la cité
assiégèrent Pierre landais pour obtenir réparation et surtout la réouverture de
bordeaux aux navires bretons. Depuis l'été, les marchands bordelais
s'opposaient à l'application du traité des Estuaires et avec l'appui du duc de
Guyenne, leurs agents excitaient la populace contre les bretons. La situation
dégénéra en novembre quand deux marchands bretons critiquèrent la qualité de la
cuvée 1468. Ils déclenchèrent une rixe que des agents du duc transformèrent en
émeutes avec le résultat que l'on sait.
Porte Cailhau à Bordeaux. |
En Angleterre,
Jasper Tudor et les marins de St Malo avaient obtenus durant l'été des
résultats plus que satisfaisants. Après plusieurs raids dans le pays de Galles,
Jasper Tudor convainquit les malouins de lui prêter suffisamment de navires
pour s’emparer de Dublin. Ils obtinrent la chute de la ville grâce à la
complicité de marchands de la cité irlandaise. La présence des corsaires de
Tudor avait entraîné la chute des échanges avec l'Angleterre et la perte de
nombreux bénéfices. Les négociants irlandais lui ouvrirent leurs portes. De plus,
Jasper Tudor passa un accord avec Gerald Mor, Lord of Kildare. En échange de
son ralliement, il conserva sa place de Lord Deputy of Ireland, devenant de
facto le second de Jasper Tudor. Si ces nouvelles inquiétèrent Édouard IV, il
était bien plus préoccupé par la rébellion de son frère Georges et du comte de
Warwick. À l’été 1469, la guerre civile reprit en Angleterre empêchant le roi
d'intervenir sur le continent ou en Irlande. Il rappela, même, une partie de la
garnison de Calais.
Reconstitution de la ville de Dublin au XVè siecle. |
Sentant le
moment venu, louis XI décida en octobre de régler ses comptes avec le Téméraire.
Il rassembla son armée à Compiègne et Noyon. 5000 bretons faisaient partie de
ces troupes. Il produisit devant une assemblée de notables deux lettres
destinées au duc de Guyenne, fausses lettres forgées par son service des
postes, dans lesquelles les deux ducs créaient une alliance matrimoniale. Le 3
décembre, cette assemblée déclara le duc de Bourgogne parjure, félon mais aussi
coupable de crimes de lèse-majesté pour avoir forcé la personne royale. Louis
XI fit publier ces lettres qui rallièrent la populace et qui trouvèrent terreau
fertile dans les populations nantaise et malouine. De plus, il convoqua le ban
pour le printemps. Le 15 décembre, le
commandant des troupes françaises, Antoine de Chabannes lança ses troupes sur
Amiens et obtint à noël l'ouverture des portes de la ville. Alors qu’il venait
de démobiliser ses troupes, Charles le Téméraire fut totalement surpris par
cette suite d'événements et le duc ne rassembla qu'une armée de 5000 hommes mal
ravitaillés pour défendre la Picardie. Antoine de Chabannes commandait 10.000
soldats bien approvisionnés par la proximité de l'île de France. Ils pouvaient
tenir un long siège. Se sachant perdus, les amiénois se rendirent et les Français
renforcèrent immédiatement la garnison. Le jour de l'an fut jour de liesse à
Paris, jour de colère à Nantes et de rage à Malines, capitale du téméraire.
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