mercredi 12 juin 2013

1472. Ep2. Guerre Navale, Guerre d'unification irlandaise.



En avril, le traditionnel convoi d’écus français arriva dans la capitale bretonne. Il était deux fois plus long que celui de l’année précédente. Pierre Landais assura son transfert vers le Blavet où se concentrait peu à peu les services de l’amirauté. Le chantier naval poursuivait ses constructions et on posa la quille de deux nouvelles caraques de guerre en juin. Les deux premières terminèrent leurs essais le 17 mars. Quelennec le Vieux les inspecta, il fit quelques remarques sur l’évolution de la marine depuis son jeune temps en bougonnant et toujours plein de morgue, admit ces deux nouveaux bâtiments au service actif, le 4 avril. Dix jours plus tard, elles partirent sous la direction d’André de Lohéac pour Morlaix où elles rejoignirent l’escadron du Ponant. Armées de canons tirant des boulets de fer, l’escadre transportait une cargaison de grande valeur : les 15000 livres que le roi envoyait chaque année à Jasper Tudor et elle escortait dix navires marchands transportant les bandes du Trégor et de Cornouailles que le roi avait louées au nom du dernier représentant des Lancastres. L’escale à Dublin fut des plus agréables et la flotte réduite aux seuls navires du duc mit le cap sur la Manche et la Normandie à St Jean. Elle se ravitailla à Barfleur en juillet et remplaça l’escadron de cinq navires qui avait patrouillé devant Calais depuis le début du printemps sur demande du Roi. Lohéac décida de prendre les choses en main et porta son escadre sur les côtes wallonnes. Il s’y empara de quelques navires anglais mais surtout en coula un certain nombre. Les boulets de fer faisaient merveille contre les navires marchands du roi d’Angleterre. Cette faillite de la flotte anglaise permit de couper le commerce de la laine pendant août et septembre. Cela mit en rage parlement, marchands et londoniens qui exigèrent du roi une action plus énergique dés la construction de la nouvelle flotte. A la mi-octobre, André de Lohéac mit le cap sur St Malo où il fit panser les plaies de ses hommes et hiverner sa flotte.

Le 3 aout, un curieux cortège de navires entra dans l’embouchure de la Loire. On reconnut facilement les 4 navires marchands qui revenaient de Lisbonne et qui avait quitté la cité ligurienne au printemps. Mais les 5 caraques, la caravelle et la galère qui se présentèrent firent sortir les habitants sur les quais et l’information fut criée de rues en rues jusqu’au château de Nantes. Menée par la Ste Anne d’Auray et la Notre-Dame du Lac dont les avirons battaient les flots, la flotte se glissa dans le port grâce à la marée. Yann de Ranrouët ramenait sa flottille dépareillée, usée jusqu’à la corde par le temps, les embruns et le manque d’approvisionnements navals. Il avait aussi contracté un certain nombre de dettes à Lisbonne pour assurer son ravitaillement en eau et en nourritures. Il savait qu’il aurait un très long rapport à faire à son duc et à son amiral. Mais aujourd’hui, il voulait profiter de ce que tous ressentaient. Ils étaient revenus et allaient fêter ça dans leurs familles et avec leurs amis. Jean de Quelennec et le duc comptaient les navires d’une des tours du château. Le vieil amiral se dit qu’il allait passer un certain nombre de soirées avec le Jeune Ranrouët pour obtenir toutes les informations et l’expérience qu’il avait pues glaner au cours de ses deux ans d’absences. Il mit cela de côté et demanda avec un rare sourire au duc de prendre congé pour aller retrouver son fils. Celui-ci lui ordonna de l'amener à dîner avec son commandant. François II voulait avoir la primeur des aventures de son chevalier de Noirmoutier.
Les provinces historiques d'Irlande.


L’arrivée des bandes bretonnes en Irlande changea la donne politique. Henri Tudor obtenait ainsi un corps de professionnels autour duquel construire une armée. Il rassembla ses soutiens du Pale (enclave anglo-normande autour de Dublin) et accompagné de Gerald de Kildare, il passa le mois de juillet à rallier par la force ou par la persuasion les lords de la province de Leinster. Henry Tudor savait que ses droits à la couronne anglaise étaient très tenus, mais les assassinats de l’année 1471 avaient renforcés sa détermination. Il poussa, cajola et força la main aux lords du Pale en maniant la carotte (l’or de Louis XI) et le bâton (la seule armée professionnelle d’Irlande). En août, les nobles anglo-normands et irlandais de Leinster s’étaient ralliés à son commandement. Le jeune Henri, son oncle Jasper et Gerald Fitzgerald de Kildare décidèrent de soumettre les provinces du sud. Le 3 septembre, des espions de Kildare ouvrirent les portes de Waterford à l’armée de Jasper. Deux jours plus tard, il écrasa l’armée du roi de Thomond et sa cavalerie captura de nombreux chefs de clans, le roi et son allié le earl de Ormond. Henri envoya des ambassadeurs au roi de Desmond. Ravitaillée par les corsaires de Dublin et de St Malo, son armée atteignit Cork le 3 octobre. Le roi de Desmond était dans les murs et poussa la municipalité à se rendre. La double menace navale et terrestre suffit à les dissuader. Le lendemain, Tadg Liath mac Domhnaill, roi de Desmond fit allégeance à Henry Tudor. Il préférait un roi en Irlande qu’un roi à Londres. A Noël, tandis que Jasper restait à Cork hiverner, Henry Tudor revint à Dublin avec le roi de Desmond et Gerald Fitzgerald. Il prépara une session parlementaire exceptionnelle pour la St Patrick. Il y convoqua les nobles les plus importants de Connaugh et d’Ulster ainsi que ses vassaux des provinces de Leinster et de Munster. Prenant des otages dans leurs familles, il libéra les chefs de clan qui lui rendirent l’hommage-lige et les nomma comte de leurs territoires. Enfin, il commença à prendre des cours d’Irlandais.

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