Jacques III d'Ecosse, le pion surprise de Louis XI qui recevra à partir de 1474, une pension de 20000 écus de la France. |
En Angleterre, Edouard IV reconstruisait lentement ses capacités navales.
Les échanges avaient repris avec les bourguignons et la flotte bretonne
semblait avoir disparu. Le roi avait réussi à rassembler une nouvelle escadre
de vingt navires dans la Tamise et comptait l’envoyer à Douvres dés l’arrivée
des beaux jours. Sa mission serait de protéger ses communications avec le continent.
S’il avait réquisitionné quelques bateaux marchands, il avait aussi recruté en
Flandres avec l’accord du Téméraire. Dix navires bourguignons devaient arriver à Calais au printemps. Charles lui promit aussi de revenir en Picardie
dés qu’il aurait châtié les Suisses qui fomentaient troubles et
désordres dans ses territoires et sur ceux de ses alliés. Jusqu’en février,
Edouard IV essaya de séparer France et Bretagne. Il offrit à l’émissaire breton,
Jean de Rohan, trêve, traité commercial avantageux et alliance matrimoniale.
François demanda un temps de réflexion car il avait des engagements vis à vis
de Louis XI et des Tudors, ennemis déclarés de l’Angleterre. L’attitude du duc
ne surprit pas le comte de Rohan. Ménager la chèvre et le chou était devenu une
tradition à la cour de Bretagne. Jean de Rohan savait pertinemment que son
beau-frère ne changerait jamais de camp aussi facilement. Mais, comme tout chef
d’état courtisé qui se respecte, François II fit monter les enchères jusqu’en
février. Sa réponse arriva à Douvres, le 12 mars.
A Nantes, les propositions du roi d’Angleterre avaient fait
sourire. Les subsides que Louis XI fournissait régulièrement au duché, étaient devenus
une véritable manne pour nombre de bretons et pour le duc. Pierre du Pont - L’Abbé
et ses bandes de Cornouailles et de Léon revinrent de Suisse pour les Vins du
Duc. Le Baron de Rostrenen devint le bras droit du Maréchal de Bretagne, obtint
un siège dans la Confrérie des Bandes et repartit avec le nouveau contingent de
Bretons pour la France. Apprenant cette volonté de servir, le Roi de
France fournit chevaux, armes et ravitaillement aux bandes de Retz et Nantes et
l’envoya aider les Suisses. Pour la première fois, Louis XI conserva les
compagnies de Vannes et Rennes pour servir à côté de ses Ecossais. Apprenant
les discussions de l’Angleterre avec la Bretagne, Le monarque de France se
déplaça jusqu’à Angers et rencontra François II. Il lui proposa la seule et
unique chose qu’il désirait vraiment. Ce n’était ni la main d’Anne de France,
ni un traité de commerce, ni des terres, ni un pénultième coffre plein d’or. Le
10 février, Louis XI offrit l’autonomie judiciaire. François sauta sur
l’occasion et signa immédiatement le traité proposé dans lequel il était
stipulé qu’aucune affaire de Bretagne ne serait jugée, ni examinée par le
Parlement de Paris. Louis accepta aussi d’appuyer les bretons pour qu’ils
obtiennent les iles anglo-normandes dans les négociations avec l’Angleterre.
François II sortit réjouit de l’entrevue. Il ordonna la sortie de sa flotte et
demanda à ses corsaires des actions plus vigoureuses.
A Londres, Jean de Rohan apprit la nouvelle avec stupeur et
se présenta à Edouard IV le 4 mars pour l’anniversaire de son couronnement. Il lui
déclara que le duc voulait la paix mais que liés à la France, les bretons
restaient en guerre avec l’Angleterre jusqu’à la conclusion d’une trêve entre
Edouard et Louis. Le 5 mars, la ville de Londres apprit qu’un émissaire
d’Ecosse était arrivé dans la capitale. Il demanda et obtint audience au palais
pour présenter ses lettres de créance. Le 10 mars, après les formalités
d’usage, il annonça que le royaume d’Ecosse avait passé une alliance défensive
avec la France. Edouard ne répondit rien. Louis XI avait réussi un coup
diplomatique. L’Angleterre était seule et entourée d’ennemis. La nouvelle se
répandit vite dans les villes et les campagnes. Le 12 mars, Yann de Ranrouët se
présenta devant le port de Douvres. Il fit tirer à blanc ses navires, les uns
après les autres. La cité fut prise de panique et une partie des habitants s’enfuit
propageant la nouvelle d’un débarquement. Même si l’information fut vite
démentie, Edouard IV comprit qu’il n’allait pas gagner cette guerre. Il demanda
une trêve. Le traité de Douvres du 15 avril laissait à la Bretagne le contrôle des
iles anglo-normandes dont le statut devait être fixé à la paix. La France obtenait
la fin de l’alliance anglo – bourguignonne et une trêve de 6 ans. L’Irlande ne
fut pas mentionnée dans le traité.
Château de Douvres |
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