Sixte IV. |
L’année débuta à Nantes par la visite du légat du Pape Sixte IV. Francesco Maria Scelloni-Visconti, nouvel ambassadeur de l’Eglise auprès de Louis XI, avait obtenu l’application des accords du concordat d’Amboise du 31 octobre 1472. Dorénavant, le pape demandait l’avis du roi pour la nomination de ses évêques. En échange, Sixte IV avait récupéré une partie des revenus ecclésiastiques français que la pragmatique sanction et les ordonnances de Louis XI lui avaient enlevés. Cet accord, s’il apaisa les relations entre l’Eglise et la France, ne comprenait pas les évêchés de Bretagne que le pape et son légat avaient refusés d’impliquer dans le traité. Louis XI réclama vainement qu’ils le fussent, considérant qu’ils étaient dépendants de l’archevêché de Tours. S’opposant aux entreprises des évêques gallicans, le pape avait refusé. Le légat italien se rendit en visite à Nantes en janvier. Le duc l’accueillit à bras ouverts ainsi que les trois professeurs qui l’accompagnaient depuis Rome. Ils devaient devenir les doyens des collèges de Droit canon, de Théologie et de Médecine de Nantes. Les deux premiers, étant prêtres et romains, devinrent les relais de la correspondance diplomatique entre la chancellerie bretonne et sa sainteté. Le troisième créa enfin un cours de médecine valable à l'Université. Ils renforcèrent donc les liens avec Rome. Les relations entre Pape et Duché ne furent jamais aussi troublées que celles avec la France. Le duc ne demandait de ses évêques que le respect des liens féodaux qui le reliaient à lui : l’hommage-lige de l’évêque pour les terres dont il était le seigneur et donc vassal de François II. La confirmation des accords des années précédentes devint évidente lorsque le vieil évêque de Nantes, Amaury d’Acigné, reçut une lettre menaçante du pape en avril 1473 et que le roi lui retira son soutien pour complaire à Sixte IV. Il fit sa réapparition à Nantes où il fit son hommage au duc en juin.
Jean de Rohan et sa femme parcoururent les Flandres de l’automne 1472 à la fin du Printemps 1473. Son voyage de découvertes avait un autre but. Il devait prendre contact avec les représentants de la Hanse et ceux des villes de Flandres. Il devait réparer les relations entre le Duché et les grands ports de la mer du nord. En effet, les actions régulières de la flotte bretonne dans la manche et le long des côtes anglaises avaient rendu le commerce difficile entre Flandres et Bretagne. Il obtint la réaffirmation des accords commerciaux précédents avec les cités d’Anvers et Bruges ainsi que, de la Hanse, la certitude d’un approvisionnement régulier en graines de lin même, en temps de guerre. L’association des commerçants de la mer baltique demanda à profiter des convois et de la protection de la flotte bretonne dés le printemps 1473. Si le comte obtint des Hanséates un accès à Amsterdam, il ne put briser le monopole que ces hommes avaient sur les graines de lin de Libau. En raison du conflit naval entre Angleterre et Bretagne, l’accord ne fut signé par le duc qu’en octobre. Ces longues négociations permirent à Rohan de prendre contact et de recruter un certains nombres de spécialistes allemands et wallons. Ainsi, il embaucha un maître forgeron de Liège et deux de ses compagnons qui avaient fui la ville lors de son sac par le Téméraire. Ils devaient être les créateurs du premier haut-fourneau dans la cité de Pontivy. Jean de Rohan revint avec sa femme en Bretagne après avoir rendu visite au Téméraire en sa ville de Malines. S’ils furent impressionnés par sa richesse, ils le furent bien moins par les rumeurs qu’ils avaient entendues sur lui dans les villes drapières de Flandres. Le duc leur confia une lettre pour François II.
Louis XI obtint du Téméraire la prolongation de la trêve et il s’empara en février de l’héritage angevin. Puis il dut faire face à une insurrection dans le Roussillon. Perpignan se révolta contre les officiers du roi et ouvrit ses portes aux soldats de Jean II d’Aragon. Le roi envoya des troupes qui assiégèrent la ville jusqu’à l’automne. Malheureusement, les Aragonais arrivaient à ravitailler et renforcer la cité par mer. Louis XI dut accepter son échec et envoyer des émissaires à Jean II d’Aragon. A l’été, il fournit argent et matériels de guerre aux Suisses et attendit avec impatience les résultats des événements se déroulant en Manche. Dés septembre, il mit en marche la machine diplomatique qu'il avait développée. Des ambassadeurs partirent vers l'est, l'ouest et le sud.
Charles reprit ces projets d’extensions territoriales. Il voulait réunir ses terres du sud à celles du nord. Il commença donc l’année par envoyer des émissaires au nouveau duc de Lorraine René II. René devait choisir entre France et Bourgogne. Dans les deux cas, il considérait que c’était se jeter dans la gueule du loup. Louis XI avait absorbé l’Anjou tandis que Charles voulait contrôler les communications entre Dijon et les Flandres. René chercha à gagner du temps et à faire monter les enchères entre les deux souverains. Au bout de deux mois d’échanges diplomatiques, la pression des bourguignons devint si forte qu’il dut accepter le libre passage des troupes bourguignonnes sur ses terres. A partir d’avril, celles-ci purent se rendre sans retard en Franche-Comté. De là, elles entrèrent en Haute-alsace et tentèrent de remettre de l’ordre dans les cités rhénanes en ruinant les campagnes et en attaquant les villes. Devant un tel carnage, les alsaciens appelèrent leurs alliés à l’aide. Si Sigismond d’Autriche ne répondit pas, les Suisses déclarèrent la guerre au duc de bourgogne et intervinrent militairement grâce à l’or de Louis XI. Ils battirent le 12 novembre, une armée bourguignonne près de la ville de Héricourt. Pendant ce temps, Charles le Téméraire poursuivait ses rêves. Il s’attaqua à la ville de Neuss qu’il assiégea dés juillet. Ainsi, il désirait établir sa domination sur l’archevêché de Cologne et gagner une frontière sur le Rhin. A l’automne, le duc était encore devant Neuss qui résistait à tous ses assauts quand il apprit la défaite d’Héricourt et l’alliance de Louis XI avec L’empereur Frédéric.
Représentation du Siège de Neuss. |
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