mardi 18 juin 2013

1473. Ep4. Harcèlement.



Oriflamme des navires bretons à partir du XVe siècle.

"Hey du Pont ! Le Tugdual bat drapeau bleu. Il vire lofe pour lofe ." cria la vigie du St Michel. Les voilà, enfin, pensa Yann de Ranrouët. Il regarda son pilote Philippe Cartier appelé aux postes de combat. Ses franc-archers revêtirent leur plastron et coiffèrent leur salade puis prirent position sur les deux châteaux du navire. Au moment où il entendit les premiers coups de canon, la St Anne vira plein ouest. Elle allait prévenir Lohéac. Le vent était à l'est depuis deux jours et les bretons avaient eu du mal à tenir leur position. Pendant une demi-heure, Yann laissa filer son groupe au sud-est. Puis, il vira et vogua au nord-ouest. Au grand largue, les deux caraques prirent de la vitesse et de la gîte. Enfin, la vigie annonça des voiles, une mer de voiles, trente navires voire plus. Prenant son porte-voix, Yann hurla au St Yves de s'aligner sur sa poupe et de le suivre. Lorsqu'il vit la flotte anglaise, il fit venir son chef canonnier et celui des franc-archers et il donna une dernière fois ses instructions.
"Messieurs, on va frôler cette masse de voiles au plus près. On ne va pas y rentrer et on va délivrer une seule bordée sur un seul navire. Je veux que tout tire en même temps. Canons, couleuvrines, arbalètes et arcs doivent tirer au même moment."
Il fut interrompu par la vigie qui hurlait :" le Tugdual et le Corentin file pleine ouest devant la flotte anglaise. Le Pol et le Guénolé arrive du sud-est. Pas de trace de la lokmaria. Le groupe de tête des anglais a les voiles qui fasèyent.
- Messieurs, il est temps de rejoindre vos postes. Que St Michel  soit avec nous !"
Les deux caraques arrivèrent par les trois-quarts arrières de la flotte. Ils essuyèrent des tirs d'arcs et de couleuvrines de faible calibre. Puis Philippe Cartier mit la caraque vent arrière et prit un cap qui lui permettait de s'approcher d'un navire au plus près. Le chef canonnier fit ouvrir les sabords lorsqu'ils rattrapèrent une grosse nef battant pavillon à croix rouge. Les archers anglais tirèrent plusieurs fois sur le gaillard d'avant, sans succès car les bretons étaient accroupis derrière la coque. Yann observa un moment ses adversaires puis quand les deux navires furent parallèles, il cria et l'enfer se déchaîna. Les 12 boulets du St Michel ravagèrent le pont de la nef puis les archers lâcherent leur volée qui s'écrasa sur son château arrière. Immédiatement, Yann ordonna de virer au sud-ouest, juste avant qu'un archer ne le tire à l'abri du bastingage. Une pluie de flèches s'abattit sur la poupe. La caraque prit son nouveau cap tandis que résonnaient les canons du St Yves qui martelèrent la même cible. Ranrouët se releva et aperçut la nef qui abattait désemparée. Philippe Cartier prit alors la parole :
- J'ai cru que le St Michel allait partir en morceaux. En tout cas, ça marche. La nef est foutue.
- Pas tout à fait ! On a tiré trop haut.
- Vraiment ? Vous avez remarqué qu'aucun navire anglais n'a de voile latine ? Nos navires sont meilleurs, plus rapides et plus agiles. Je suppose qu'on refait la même manœuvre ?
- Oui, une fois, avant la nuit. Plus, si on peut.
- Au fait, z'avez qu'à tirer dans la descente du roulis. Vous toucherez la coque.
- Bonne idée, et on va prier que la prochaine cible n'ait pas non plus de bons canonniers.
Dans l'heure suivante, Yann fit recharger et passer la nouvelle consigne. Il décida de laisser tirer ses franc-archers dès qu'ils seraient à portée. La bordée avait déstabilisé beaucoup trop d'entre eux et il les voulaient efficace. Et c'est ainsi que se déroula les journées du 8 et du 9 juillet dans la manche.

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