Lors du conseil de guerre de février, André de Lohéac prit Quelennec le Jeune sous son aile. Il décida
de rassembler sur son navire un groupe d’officiers jeunes et expérimentés
capables de mener des actions indépendantes avec de petits groupes de navires. Il
lui confia l’écran de reconnaissance de la flotte qui partait pour la base avancée
de St Valéry sur Somme. L’Amiral Lohéac conserva trente des navires bretons
pour mener les opérations de convoyages et de patrouilles dans le Pas de Calais
car Edouard IV avait rassemblé sa flotte malmenée dans la Tamise. Il ordonna
que les navires marchands se rassemblent à Barfleur et soient escortés par au
moins un escadron, soit un tiers de la flotte. Un convoi partirait chaque mois vers les ports de
Flandres et la Mer du Nord. La flotte entière les escorteraient jusqu’au Pas de
Calais puis une garde plus légère les accompagneraient jusqu’à l’Ecluse ou Anvers.
Yann de Ranrouët, vice amiral de Bretagne, reprit en charge
les navires qu’on lui avait confiés l’année précédente. En plus, il obtint le St Gabriel et le St Raphaël qui portèrent
son escadron à 9 navires. Il mit les voiles en avril pour St Valéry en Somme.
Puis, le vice-amiral partit pour la mer du Nord et le Danemark. Il se trouvait
à Copenhague début Juin quand arrivèrent les navires hanséates en provenance
des terres baltes. Il organisa un grand convoi destiné à l’Europe de l’Ouest. Le
bruit courut à Copenhague que cette flotte marchande attirerait tous les
corsaires et pirates du Skagerrak à la Mer d’Iroise. Pourtant, Yann de Ranrouët leva
l’ancre le 17 juin à destination des Flandres. Le premier grand convoi du nord
était formé. Il comprenait une cinquantaine de voiles, chargées de toutes les
richesses du nord de l’Europe. Il transportait du bois, des fourrures, des métaux, de l'argent de bohême, de l'ambre de Prusse, du blé d'Allemagne et des graines de lin de Libau...etc.
Commerce en Baltique au XIVè siècle. |
Jacques Danycan, gouverneur des iles anglo-normandes, passa l’hiver à faire des aller-retours entre St Malo et Jersey pour recruter des administrateurs et surveiller la construction de sa nouvelle caraque. Au printemps, il rassembla une troupe de 11 navires dans la capitale de son gouvernement. Il avait longuement discuté avec Lohéac et De Ranrouët avant de décider de piller l’ile de Wight avec une troupe de 2000 franc-archers de l’évêché de St Malo. La Notre Dame du lac était bien sûr de la partie et devait servir de navire de débarquement. Les amiraux avaient accepté cette diversion qui devait faciliter leurs opérations dans le Pas de Calais. Le mauvais temps et la forte houle de la Manche retardèrent le départ jusqu’en juin et la flotte n’arriva à St Helens que le 13 juin. Le débarquement fut un succès. Les anglais défendant le fort s’enfuirent. Dans la foulée, Jacques Danycan prit le Manoir de Nettlestone. De là, il s’empara de l'abbaye de Ryde le 14. Mais les milices du Hampshire arrivèrent à Cowes ce jour-là. Sous leur pression, Jacques Danycan retraita vers Sandown Bay où il rembarqua avec son butin sous la protection des canons de sa flotte. Le 19, il appareillait pour les Iles anglo-normandes.
Carte de l'ile de Wight, 1724, http://www.iwhistory.com/ |
Lorsque la nouvelle arriva à Londres, Edouard IV crut à un débarquement en force des bretons et des français. Il mobilisa massivement ses troupes et ordonna à sa flotte de la Manche de couper le ravitaillement des envahisseurs. Le 1er juillet, les 30 meilleurs navires de la flotte anglaise firent escale dans le port de Calais tandis que le roi d’Angleterre arrivait à Cowes où il réorganisa la surveillance des côtes de l’ile. Edouard IV pensa que le pire avait été évité. Au même moment, Yann de Ranrouët arrivait avec son convoi à l’Ecluse tandis qu’André de Lohéac, apprenant la sortie de la flotte anglaise, appareillait de St Valéry en Somme. les adversaires étaient prêts pour la seconde manche.
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